Mercredi, 24 avril 2024

Sayona augmente sa valeur et son tonnage  à La Motte

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Mathieu Proulx
Mathieu Proulx
MédiAT
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L’étude de faisabilité révisée du projet de lithium de Sayona Québec conclut à un projet rentable selon un communiqué émis le 12 novembre. La valeur du projet minier passe de 184,8 M$ à 216 M$ .

Selon le communiqué de la minière, on estime pouvoir récupérer le capital investi dans la construction de la mine en un peu moins de trois ans grâce à une production annuelle moyenne de 114 116 tonnes de spodumène de lithium.Les emplois créés sont estimés à 176 pour une durée de vie de 14 ans.

Le projet grossit

Si au départ, la compagnie estimait sa production journalière à un peu plus de 1800 tonnes par jour, cette nouvelle étude place maintenant le projetà 2600 tonnes. Une augmentation qui n’est pas étrangère à l’annonce du gouvernement du Québec d’imposer un bureau d’audience publique sur l’environnement (BAPE) à la mine en raison du faible taux d’acceptabilité sociale exprimée. Généralement, la loi sur les mines actuelle permet aux minières de contourner le processus du BAPE si le tonnage estde moins de 2000 tonnes par jour.

La compagnie a tenu à rappeler dans son communiqué que le projet n’aura aucun impact sur la qualité de l’eau de l’esker Saint-Mathieu-Berry. Cet élément avait suscité de vives réactions et de nombreuses inquiétudes de la part des citoyens lors de la première phase de consultation tenue dans la région dans les derniers mois. Le projet minier fait actuellement l’objet d’une étude d’impact sur l’environnement. Le ministre de l’Environnement du Québec, Benoit Charette, aura ensuite à officialiser les démarches du BAPE.

«Cette étude nous a également permis de retourner à la planche à dessin, a poursuivi le directeur, Guy Laliberté. On a pu entre autres déplacer la halde à résidus de 300 M vers l’ouest de manière à s’éloigner encore plus de l’esker.»

La compagnie estime débuter la phase de construction en 2021 et la production un an plus tard.

Le comité de protection de l’eskern’est pas convaincu

Du point de vue du co-porte-parole du comité citoyen de protection de l’esker, Rodrigue Turgeon, les informations émanants du communiqué de presse de Sayona ne sont que d’autres preuves que la compagnie travaille uniquement dans ses propres intérêts financiers.

«Jamais, on ne tient compte, dans cette étude, de la situation financière de l’entreprise, a-t-il souligné. Les coffres sont vides, l’action est au plus bas. Pour augmenter la valeur du projet, il a fallu diminuer la durée de vie de la mine de 18 ans à moins de 14 ans. En ce sens, M. Turgeon est surpris qu’on parle du projet comme d’un projet durable.»

Le porte-parole en a profité pour rappeler sa demande, conjointe avec le Regroupement Vigilance Mines en Abitibi-Témiscamingue et le collectif Gazoduq, parlons-en et le comité nouvelle mine de La Motte, de resserrer l’encadrement environnemental des mines. «La transition énergétique ne peut pas servir de prétextepour donner le feu vert à des projets mal ficelés», a-t-il ajouté.

Pour sa part, le directeur général de Sayona Québec, Guy Laliberté, admet qu’une meilleure acceptabilité sociale profiterait au projet sur le plan financier et est confiant pour la suite. «Je crois qu’une bonne partie des inquiétudes étaient relatives à notre refus de participer aux audiences publiques sur l’environnement, a-t-il expliqué. Maintenant qu’on sait qu’il y aura un BAPE, plusieurs sont rassurés et les interrogations qui demeurent pourront être éclaircies.»  Il en a profité pour rappeler que jamais la compagnie n’accepterait que des dommages soient faits à l’esker.

Acquisition du concentrateur de North American Lithium

Sayona est toujours en attente du processus public d’acquisition des installations de l’ancienne North American Lithium située à La Corne. La minière pourra ainsi faire traiter son minerai au concentrateur existant augmentant ainsi sa rentabilité et son efficacité. 

«C’est étonnant qu’on parle de racheter une usine, mais qu’on ne tienne encore nullement compte de la situation financière de l’entreprise», a rappelé Rodrigue Turgeon.

«Il s’agit d’un processus public qui se terminera le 21 janvier, a affirmé le directeur général.  Je sais que plusieurs commentent la situation de l’action et notre financement, mais on ne s’engagerait  pas dans un tel processus sans avoir l’assurance de notre capacité à aller de l’avant.»