Samedi, 23 novembre 2024

Encore trop d’émissions d’arsenic à la Fonderie Horne, selon une étude

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Équipe MédiAT
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ROUYN-NORANDA-La Direction régionale de la Santé publique en Abitibi-Témiscamingue a remis la deuxième partie de son rapport sur les émissions d’arsenic à la Fonderie Horne, à Rouyn-Noranda.

Selon l’étude, les citoyens du quartier avoisinant la fonderie de cuivre, le quartier Notre-Dame, ont un taux d’imprégnation à l’arsenic quatre fois plus élevé que la moyenne.

Alors que la première phase touchait les enfants de 9 mois à 6 ans, la seconde phase visait toute la population dans le quartier.

Les chercheurs ont regardé de plus près sous les ongles des participants à l’étude, et c’est là que l’on a trouvé les plus grandes concentrations d’arsenic.

«Les enfants sont plus à risque de développer des maladies, notamment en raison de leur comportement, précise la directrice de la Santé publique, Lyse Landry. Les enfants vont souvent se ronger les ongles ou porter leurs doigts à leur bouche, ce qui les rend plus à risque. Bien sûr, les personnes âgées et celles avec les problèmes de santé sont également plus vulnérables.»

Des recommandations

L’étude de biosurveillance a été menée en 2019, et a aussi impliqué un groupe-témoin, situé à Amos, et qui n’a pas été exposé à l’arsenic.

Les recommandations de l’étude touchent non seulement la réduction des émissions d’arsenic dans l’atmosphère, mais aussi une décontamination des sols. «Cela fait partie de notre mandat, explique Mme Landry. Nous nous devons de signaler aux ministères concernés tout danger à la population. Un comité interministériel va donc examiner les conclusions de notre rapport.»

La Santé publique ne donne pas de recommandations quant au déplacement ou au rachat des maisons avoisinantes à l’usine. «Quand la Fonderie Horne a été construite, en 1927, les travailleurs se sont installés tout près de l’usine, rappelle Lyse Landry. À l’époque, on n’avait pas les connaissances environnementales que nous avons aujourd’hui. D’un autre côté, ce serait difficilement envisageable de déplacer tout un quartier.»

Un croisement

La Fonderie Horne avait annoncé en juillet dernier une série de mesures de captation des gaz et d’autres aménagements pour réduire les émissions d’arsenic dans l’air.

«L’étude de la Santé publique a été faite avant la mise en œuvre de ces mesures, précise la superviseure aux Communications et aux Relations avec la communauté, Stéphanie Lemieux. Déjà, en mai 2020, les mesures aux points de contrôle légaux montraient 48 ng/m3 d’arsenic, contre 130 ng/m3 en 2019. En septembre 2020, on est remontés à 66 ng/m3, mais on est tributaires de certains facteurs, comme la météo.»

Mme Lemieux croit que les chiffres de la prochaine étude de biosurveillance devraient déjà s’améliorer.

«Nous avions annoncé une dizaine de mesures de réduction des émissions d’arsenic, et jusqu’ici, trois sont en place, dit-elle. Nous sommes sur le point de mettre en place le Projet Vélox, une nouvelle technologie au cout de 150 M$ qui demandera un réaménagement important d’une partie de l’usine, mais qui devrait donner des résultats.»

D’autres aménagements sont également en cours. «Nous avons racheté 16 maisons à proximité de la Fonderie, et nous avons agrandi le stationnement de l’usine, mentionne Mme Lemieux. Nous évaluons aussi la possibilité d’ériger un mur face au quartier Notre-Dame. Au total, la Fonderie Horne aura investi plus de 200 M$ pour limiter les émissions. D’ailleurs, l’entreprise effectue le tiers de ses investissements en environnement.»

La Ville lance un appel 

Le comité interministériel mis en place pour étudier la situation a rencontré les autorités de la Ville de Rouyn-Noranda pour faire l’état de la situation après le dépôt de l’étude.

La mairesse, Diane Dallaire, estime avoir fait ses devoirs. «À la suite des recommandations formulées par la Direction de santé publique, nous avons rapidement procédé à l’évaluation des aménagements qui peuvent être effectués afin de contribuer à l’assainissement général du quartier, précise-t-elle. Maintenant, tout cela a un coût et nous interpellons le gouvernement afin de savoir quel sera le soutien financier en lien avec ces aménagements.»

Texte publié dans le cadre de l’Initiative de journalisme local (La Presse canadienne)