Mort de Joyce Echaquan : Québec savait, croient d’ex-membres de la Commission Viens
Dans une lettre ouverte, dont la presse canadienne a obtenu copie, les ex-membres dénoncent également la mollesse de la ministre des Affaires autochtones, Sylvie d’Amours, face aux 142 appels à l’action du rapport de la Commission, déposé le 30 septembre 2019.
«Notre désarroi est d’autant plus grand que le racisme à l’encontre des membres de la Nation Atikamekw Nehirowisiw fréquentant l’hôpital de Joliette était déjà connu de ses dirigeants», écrivent les membres du regroupement, soulignant avoir entendu une vingtaine de récits de discrimination lors des audiences de la Commission, en 2018.
«Ces derniers (les représentants du CISSS de Lanaudière) ont alors assuré vouloir changer les choses. Deux ans plus tard, nous constatons pourtant le racisme grave dont a été victime Joyce Echaquan à l’hôpital de Joliette.»
Québec a le fardeau de la preuve
Le regroupement, mené par le professeur Sébastien Brodeur-Girard, de l’École d’études autochtones de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, exhorte le gouvernement Legault, et plus précisément la ministre d’Amours, à faire preuve de transparence dans ce dossier.
«S’il prétend, contrairement à ce que nous avons pu constater, avoir mis en œuvre plus du tiers des appels à l’action de la Commission Viens, il lui revient de le démontrer en toute transparence, écrivent les ex-membres. La mise en place d’un mécanisme de suivi indépendant pour s’assurer de la mise en œuvre du rapport, tel que le propose l’appel à l’action #138, remplirait certainement cet objectif.»
Le regroupement accuse même le gouvernement Legault d’emprunter la voie inverse en matière de services sociaux, lui qui conteste devant les tribunaux une loi fédérale, la Loi C-92, qui donnerait des pouvoirs supplémentaires aux communautés autochtones en matière de protection de l’enfance.
Selon eux, le rapport Viens fournit des solutions concrètes afin de lutter contre la surreprésentation des enfants autochtones dans le système de protection de la jeunesse.
Racisme systémique
Les ex-membres de la Commission Écoute, réconciliation et progrès exhortent le gouvernement de la CAQ de reconnaître le problème de racisme systémique qui existe à plusieurs niveaux des services gouvernementaux.
«Dans son rapport déposé le 30 septembre 2019, le commissaire Viens affirme que “de nombreuses lois, politiques, normes ou pratiques institutionnelles en place sont source de discrimination et d’iniquité au point d’entacher sérieusement la qualité des services offerts aux Premières Nations et aux Inuit”, disent-ils. Cela l’amène à conclure qu’il lui semble “impossible de nier la discrimination systémique dont sont victimes les membres des Premières nations et les Inuit.”»