Vendredi, 8 novembre 2024

Rouyn-Noranda : des terrains contaminés à l’arsenic, au plomb et au cadmium

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Équipe MédiAT
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ROUYN-NORANDA-La Direction de la santé publique de l’Abitibi-Témiscamingue a rendu public jeudi matin son rapport sur la caractérisation des sols dans le secteur urbain de Rouyn-Noranda. Cette étude révèle que 36 terrains résidentiels sur les 254 échantillonnés recèlent des taux de métaux lourds supérieurs à la norme établie par la réglementation provinciale. Ces résidus au sol proviennent principalement des activités de la fonderie Horne, en activité depuis 1927.

La DSPu révèle de plus que certains sols examinés dans le secteur du Mont Powell, à 3 km au nord-ouest de la zone urbaine de Rouyn-Noranda, ont aussi des taux supérieurs à la réglementation. Les métaux relevés dans ces mesures sont l’arsenic, le cadmium et le plomb.

Pour effectuer leur étude, les scientifiques ont pris des mesures à divers endroits de la ville, sauf pour le quartier Notre-Dame, (à proximité de la fonderie Horne), qui est l’objet d’études particulières. Seules les ruelles du quartier ont fait l’objet de prélèvements d’échantillons. Les chercheurs ont effectué des relevés dans les trois premiers centimètres de sol.

Des parcs, écoles et garderies sécuritaires

L’étude démontre que les sols qui n’ont pas été réaménagés comptaient des taux de métaux lourds plus élevés que la moyenne. «Par exemple, au Mont Powell, les échantillons prélevés dans le secteur du camping du lac Marlon et dans les pistes de vélo ont révélé des taux plus bas que les secteurs non-aménagés, souligne le coordonnateur de l’étude, Daniel Proulx. De plus, nous avons constaté une corrélation directe entre l’âge des maisons et les taux de contamination. Plus une maison est vieille, plus le sol environnant contient des contaminants.»

M. Proulx s’est également fait rassurant en indiquant que les échantillons prélevés dans les parcs, écoles et garderies ne comptaient pas de dépassements de contaminants. «Ce sont des exemples de sols qui ont été remaniés, insiste-t-il. La présence de ces substances dans le sol n’est pas sans conséquence. Même en petites quantités, le plomb, le cadmium et l’arsenic ont des effets nocifs sur le corps humain. Et souvent, les gens en ingèrent de petites quantités pendant des dizaines d’années.»

Les résidants peuvent s’aider

Les 36 familles dont les concentrations en plomb, cadmium et arsenic sont trop élevées ont été contactées. La DSPu a émis une série de conseils pour qu’elles puissent améliorer leur situation, des mesures qui vont de la pose de gazon jusqu’à surveiller les enfants pour qu’ils évitent de manger du sable ou de la terre. On recommande aussi aux amateurs de jardinage l’ajout régulier de nouvelle terre, et pour les potagers, d’éplucher les légumes racines (ex : carottes, pommes de terre). Il faut aussi éviter les légumes-feuilles, comme la laitue et les épinards.

La Santé publique avait également des recommandations pour les autres instances. Elle propose au ministère de l’Environnement de mener une étude plus poussée de caractérisation des sols, une réhabilitation des sols des 36 résidences contaminées, et la création d’une concertation avec la Ville de Rouyn-Noranda, le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles et le ministère de l’Environnement, pour mettre en place des mesures de protection et de prévention pour le secteur du Mont Powell.

Comité interministériel

Le comité interministériel chargé d’étudier le problème d’émissions d’arsenic par la fonderie Horne a reçu le rapport il y a un mois, et continue son étude du dossier. Par ailleurs, la fonderie Horne elle-même n’a pas reçu le rapport. «La fonderie Horne travaille de concert avec le ministère de l’Environnement, précise M. Proulx. Notre mandat était de rapporter nos conclusions au ministère, et le reste est entre leurs mains.»

La mairesse de Rouyn-Noranda, Diane Dallaire, se dit à la fois rassurée et préoccupée par les conclusions du rapport. «Ce qui est rassurant, c’est que la majorité des terrains ne dépassent pas la limite quant à la contamination, dit-elle. Cependant, dans certains secteurs, la situation nous préoccupe grandement.»

Pour ce qui est de la réhabilitation des sols des 36 résidences contaminées, la mairesse ne veut pas se prononcer pour le moment à savoir qui paiera la facture. «Ce que je peux dire, c’est que cela fera l’objet de discussions avec le comité interministériel chargé d’étudier le dossier de l’arsenic à Rouyn-Noranda. Quant à la possibilité d’une concertation entre la Ville et les ministères pour le Mont Powell, on a déjà déposé un projet d’aménagement de sentiers cyclables dans le secteur, qui viendraient améliorer la situation.»

Texte publié dans le cadre de l’Initiative de journalisme local (La Presse canadienne)