Jeudi, 5 décembre 2024

Un Anishinabe à l’UNESCO

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Équipe MédiAT
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VAL-D’OR-Très actif depuis plusieurs années pour le maintien de la culture et de la langue Anishinabeg,l’ex-chef de la communauté de Pikogan, en Abitibi, Richard Kistabish, a vu ses efforts récompensés par les Nations-unies. M. Kistabish est l’un des trois membres nord-américains du Groupe de travail mondial pour une décennie d’action pour les langues autochtones de l’organisation des Nations-unies pour l’éducation et la science (UNESCO).

«Je suis un peu surpris de cette nomination, affirme M. Kistabish. Des gens autour de moi ont soumis ma candidature pour ce groupe et elle a été retenue.» Richard Kistabish œuvre actuellement au sein d’un organisme appelé Minwashin, qui vise à faire revivre la langue et la culture Anishinabeg en Abitibi-Témiscamingue. Il a notamment été très actif en 2019, lors de l’Année internationale des langues autochtones.

Une décennie

Le groupe de travail de l’UNESCO prévoit étendre ses travaux entre 2022 et 2032. «Plusieurs communautés autochtones au Canada sont isolées. Elles n’ont pas les ressources nécessaires pour préserver la vivacité de leur langue et de leur culture, explique M. Kistabish. Rapidement, les jeunes générations perdent leur langue. Et c’est d’autant plus grave que plusieurs langues autochtones sont près de disparaître. Ce serait une perte inestimable.»

Richard Kistabish sera sur le premier cycle du comité directeur du groupe de travail, un mandat d’environ trois ans et demi. Il veut témoigner du vécu des populations autochtones du Canada dans les pensionnats. «Je veux être authentique, affirme-t-il. J’irai témoigner de ce que j’ai vécu, de ce que nous avons vécu, démontrer l’étendue des dommages, je partagerai ma réflexion quant à ce qu’il faut faire maintenant pour rétablir, revitaliser notre langue, celle qui nous définit.»

L’anishinabemowin : une question de résilience

Depuis quelques années, on assiste au retour des cours de langues autochtones dans les différentes communautés au Québec. C’est le cas notamment à Lac-Simon, une petite communauté d’environ 2000 habitants, située à 35 km au sud de Val-d’Or. Presque la moitié d’entre eux ont moins de 25 ans, et la rupture provoquée par les pensionnats a aussi provoqué une fuite culturelle que Richard Kistabish essaie de colmater. Il se réjouit d’ailleurs de voir le retour de ces cours de la langue qu’Il appelle de façon générique anishinabemowin («la langue anishinabeg»).

«C’est un témoignage important de la résilience de nos peuples, indique Richard Kistabish. Nous évoluons dans un contexte où, pour préserver notre culture, il faut travailler deux fois plus fort. On essaie de stimuler les jeunes en les exposant à la langue, c’est une question aussi de préserver notre identité. L’opportunité est là, il faut la saisir. Dans les pensionnats, on nous interdisait de parler notre langue. La preuve de notre résilience, c’est qu’on travaille encore et toujours à la parler.»

La nomination de Richard Kistabish au sein de ce groupe de travail de l’UNESCO est une source de fierté pour toute la nation Anishinabe. C’est aussi une occasion non seulement de faire revivre la langue, mais aussi, selon lui, d’affirmer la présence de ce peuple sur son territoire. «Il n’est plus question de nous qualifier de peuple invisible», dit-il, faisant référence au film du même nom réalisé il y a quelques années par Richard Desjardins.

Texte publié dans le cadre de l’Initiative de journalisme local (La Presse canadienne)