Jeudi, 21 novembre 2024

Autochtones : adapter le travail à leur réalité

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Lydia Blouin
Lydia Blouin
MédiAT
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Les Autochtones sont souvent oubliés lorsque des entreprises recherchent de nouveaux employés. Pourtant, leur insertion au travail peut être bénéfique pour eux tout comme pour les organisations.

Des avantages mutuels

En période de pénurie de main-d’œuvre, avoir accès à des employés est crucial. Or, beaucoup d’Autochtones ne travaillent pas. Par ailleurs, occuper un emploi peut avoir un impact positif sur toute une communauté.

La Dre Émilie Deschênes, professeure à l’UQAT en éducation en contexte autochtone, explique l’importance des relations de proximité pour les Premières Nations :

« Le travailleur autochtone qui arrive, c’est un travailleur qui va avoir un projet de vie qui va concerner à-peu-près toute sa famille. C’est une famille qui est beaucoup plus étendue que notre famille nucléaire qu’on connait traditionnellement au Québec, mais aussi, c’est un projet qui est porté par la communauté. Donc on peut s’imaginer […] que pour cette personne-là, toutes les sphères de sa vie sont touchées. »

En effet, le travailleur qui quitte sa communauté peut se retrouver isolé et perdre ses repères. Il doit souvent s’adapter à une culture qu’il ne connait pas, à une langue différente de la sienne et vivre des transitions inhabituelles pour lui.

La sécurisation culturelle

Il est donc essentiel de mettre en place des actions pour intégrer l’employé. Il doit se sentir à l’aise autant au travail que dans les autres sphères de sa vie.

C’est ce qu’on appelle la sécurisation culturelle, un concept davantage évoqué en santé, mais qui est pertinent dans tous les milieux.

« À l’intérieur de l’organisation, la sécurité culturelle, c’est de dire [qu’il y a] un espace physique, philosophique et social où le travailleur peut se reconnaitre et trouver une place. […] On cherche à intégrer, à insérer sa culture aussi dans les mœurs de l’organisation […] parce que c’est à travers des éléments de sa culture qu’on va retrouver davantage l’identité de la personne, son appartenance aussi. Donc, c’est comme ça qu’on va pouvoir faire en sorte qu’elle va pouvoir appartenir à la communauté de l’organisation aussi. »

Ainsi, il est important de bien connaitre le travailleur, de lui donner l’occasion de s’exprimer et de recréer ses valeurs au sein de l’organisation pour qu’il y soit confortable. Selon la Dre Deschênes, tous les membres d’une organisation doivent y contribuer.

Méfiance mutuelle

Or, une certaine méfiance subsiste entre les Québécois et les Autochtones. Les préjugés propagés par la société et les relations tendues des derniers siècles ont compliqué les rapprochements.

« On a beaucoup bafoué, on a beaucoup manipulé. […] De génération en génération, ça se transmet. […] Cela dit, […] la méfiance, elle est réciproque. […] Si [le Québécois] est méfiant, c’est qu’il n’a pas la bonne information. […] On n’a jamais été éduqué à ce que c’est, finalement, être Autochtone. »

Effectivement, le mode de vie des Premières Nations avant l’arrivée des colons français est expliqué dans les cours d’histoires. Leur façon de vivre a pourtant évolué depuis cette époque.

Par ailleurs, certains peuvent considérer leur culture supérieure aux autres sans s’en rendre compte. C’est ce qu’on appelle le racisme systémique. Ainsi, les Autochtones sont rarement consultés sur les questions qui les concernent. Lorsque c’est le cas, leur point de vue n’est pas forcément pris en considération. 

« Par exemple, si je construis une école, je suis persuadée que l’école, ça doit être sur deux étages avec des bureaux en rangées avec un professeur qui est devant, debout, et des élèves qui sont assis devant lui, mais en réalité, […] est-ce qu’on a demandé aux Autochtones avant de construire les écoles dans leur communauté comment ils voyaient l’éducation et comment ils voyaient l’école? » questionne madame Deschênes.

Un livre pour faciliter l’insertion professionnelle des Autochtones

Après près de 4 ans de recherches, l’enseignante a ainsi créé un guide pour l’insertion professionnelle des Autochtones. Il a été écrit en collaboration avec l’Institut National des Mines (INMQ) ainsi que la Commission de développement des ressources humaines des Premières Nations du Québec (CDRHPNQ).

Ce dernier a fait l’objet d’un article le 5 février dernier : https://mediat.ca/culture/pour-marier-les-cultures/