Des services non adaptés pour les personnes handicapées en région
L’organisme Moelle épinière et motricité Québec lance un cri du cœur pour les personnes handicapées, notamment celles de l’Abitibi-Témiscamingue. En effet, différentes personnes atteintes d’un handicap rapportent des situations difficiles. Absence de taxi adapté en région, équipement non adapté à l’hôpital, manque de personnel : plusieurs personnes témoignent.
Plus de taxi adapté
Monsieur Veilleux* a du mal à se déplacer depuis que le dernier taxi adapté de Rouyn-Noranda a cessé ses activités. Avec ses nombreux rendez-vous, ce dernier était un service essentiel pour l’homme en fauteuil roulant.
« Depuis mon accident en octobre 2017, j’avais accès à un taxi adapté parce que je reste dans le secteur d’Évain. Le transport adapté ne pouvait pas me desservir dans le sens qu’il venait me chercher le matin et ramenait le monde en après-midi, et moi, ça ne me convient pas du tout, du tout. J’ai des douleurs chroniques et à 11h, c’est le maximum que je peux endurer. »
Un jour d’avril, le chauffeur de taxi a simplement annoncé à monsieur Veilleux qu’il avait vendu son taxi et qu’il n’aurait plus de services dès la semaine suivante.
Depuis, monsieur Veilleux doit demander à son entourage de le transporter, ce qui n’est pas toujours possible. Par ailleurs, il se retrouve isolé socialement, puisqu’il est contraint de demeurer à la maison.
Des services inadaptés à l’hôpital de Val-d’Or
Monsieur Jobin* lui aussi en fauteuil roulant, ajoute pour sa part :
« Je n’étais pas capable de me stationner [à l’hôpital de Val-d’Or] parce que les « parkings » n’étaient pas assez larges pour déployer la rampe d’accès. Heureusement, c’est réglé. Aussi, le médecin m’avait donné rendez-vous pour vérifier l’épaisseur des os et on m’a dit que c’est impossible à l’hôpital de Val-d’Or parce que la salle est trop petite pour les fauteuils roulants. J’ai laissé tomber. La situation que j’ai trouvé la plus difficile, ça a été d’aller passer une nuit à l’hôpital pour l’apnée du sommeil. La nuit où j’étais censé avoir mon rendez-vous, on m’a dit que je devais emmener un préposé avec moi. […] J’ai laissé tomber le rendez-vous. »
En effet, monsieur Jobin a besoin d’une personne pour l’aider à se tourner et à se lever. Bien que les situations aient pu être réglées autrement, l’homme a été victime de discrimination, selon Moelle épinière et motricité Québec.
Selon Dominic Piché, bénévole pour l’organisation, les situations problématiques dans les hôpitaux sont causées par le manque de personnel et par leurs mauvaises conditions de travail. Il confie connaître personnellement plusieurs préposés aux bénéficiaires qui souhaitent changer de milieu de travail à cause de conditions difficiles.
Un manque de soins à domicile
Monsieur Thibault*, un accidenté de la route qui vit dans la Vallée-de-l’Or, considère qu’il ne reçoit pas suffisamment de soins par rapport à ses besoins. L’homme, qui a perdu beaucoup d’autonomie après une chirurgie qui a mal tourné il y a trois ans, est accompagné par une personne trois jours par semaine, mais il aurait besoin de davantage d’aide. Cependant, son budget est déjà très juste et il manque de personnel pour lui fournir les soins nécessaires.
« Dans un sens, on dirait que je vis comme si je marcherais sur une ficelle et là, je ne sais jamais quand elle va péter et que je vais me retrouver dans le vide. [La dame qui m’aide] a de jeunes enfants et c’est déjà arrivé que ses enfants aient la grippe et ne puissent pas aller à la garderie : elle n’a pas pu venir m’aider et, moi, je n’ai aucun « back up ». […] Cet été, je me suis retrouvé plus de cinq semaines sans personne pour venir s’occuper de moi. »
Monsieur Thibault aurait besoin d’une personne 2 ou 3 jours de plus par semaines, précise-t-il. Il envisage même d’aller en CHSLD malgré le fait que sa maison soit adaptée à ses besoins, mais il craint ne pas avoir les soins escomptés. La situation lui cause énormément d’angoisse.
Il dénonce également qu’il existe des organismes et des programmes pour les personnes ayant besoin d’aide, mais qu’ils sont assez méconnus, tels que Chèque emploi service.
Des personnes isolées et non autonomes
Plusieurs personnes handicapées se retrouvent isolées et vulnérables, surtout depuis la COVID, et se trouvent forcées de compter sur les autres malgré le fait qu’elles souhaitent être autonomes.
Par ailleurs, bien que certaines aient un entourage pour les soutenir, il leur est difficile d’obtenir les services auxquels elles auraient normalement le droit si elles n’étaient pas handicapées, ou ceux qui pourraient les aider à demeurer aussi autonomes que possible.
*Ces noms sont fictifs afin de protéger l’anonymat des personnes.