Lundi, 25 novembre 2024

Céline J. Dallaire offre 101 FRAG ARTS dans sa nouvelle galerie

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Joanie Duval
Joanie Duval
Journaliste
La galerie Céline J. Dallaire a reçu un bain de foule pour son ouverture le 23 novembre dernier. Photo: Courtoisie de Céline J. Dallaire
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Rouyn-Noranda est dotée d’une nouvelle adresse pour les amateurs d’art contemporain avec la galerie éponyme de Céline J. Dallaire. L’artiste a inauguré l’endroit le 23 novembre dernier avec 101 FRAG ARTS, une exposition créée pour l’occasion.

Le frag art c’est un concept qui permet d’échanger entre artistes des œuvres non terminées ou qui n’ont pas apporté satisfaction à son créateur. C’est un partage qui permet à certains d’ouvrir un nouveau dialogue avec soi-même et de développer une démarche créative inconnue.

Avec 101 FRAG ARTS, Céline J. Dallaire s’est prêtée au jeu dans les deux rôles. Elle a donc pris ses propres œuvres pour leur donner un second souffle. Elle souhaite ainsi lancer le mouvement et voir le concept exposé dans sa galerie sous forme de collectifs. L’exposition sert donc d’initiation auprès de la communauté artistique locale.

« C’est hyper intéressant quand on fait des échanges avec d’autres artistes. Avec le frag art, on fait les échanges et on reçoit une œuvre dont on ne s’attend pas, parce que l’artiste ne nous le dit pas. Dans mon cas, j’essayais de me déstabiliser pour avoir cet effet-là un peu. J’ai utilisé beaucoup de mes grandes estampes. J’avais de grandes pièces que jamais je n’aurais fini, et je me suis dit ok je vais faire le concept en utilisant ces pièces. Elles sont sur un papier de qualité BFK Rives que je savais que je pouvais dessiner, mettre de l’encre, même un peu de peinture, c’est assez résistant pour ça. C’était de prendre ces pièces-là, les défaire, les remanipuler. J’ai travaillé différentes techniques, différents médiums pour sortir de ma zone de confort », a-t-elle expliqué.

Réinterprétation 101

Avec sa feuille de route impressionnante, on pourrait croire qu’une artiste comme Céline J. Dallaire a tout exploré, mais elle a pourtant su revisiter ses méthodes de travail pour amener sa créativité ailleurs. Le résultat donne 101 occasions de se perdre dans de petits univers abstraits réinterprétés.

« Depuis plusieurs années, je suis plus dans le numérique ou dans la peinture figurative à l’huile. Là je relançais un peu plus le côté spontané, expressif, intuitif. Et je me suis donné un temps limite, donc un mois pour créer mes 101 pièces. À un moment donné, je pouvais en faire dix, puis là j’ai sauté des journées donc j’étais rendue à 15. La façon que je les travaillais, c’est que j’en partais plusieurs. Quand je les avais déchirées, je les plaçais, j’en sélectionnais trois ou quatre, puis là je démarrais et je ne pensais pas, j’y allais. J’avais sélectionné, exemple, mes couleurs fluos que je voulais vraiment utiliser dans cette série-là, parce qu’encore là ça me déstabilisait. C’était vraiment de me placer dans un inconfort, une déstabilisation totale et de ne pas réfléchir pendant que je créais », a raconté l’artiste rouynorandienne.

« C’est sûr qu’après certaines étapes, il y a quelque chose qui émerge, il y a une attention qui se produit, il y a une communication entre l’œuvre et moi. C’est là que je décidais si j’avais besoin de plus de noir ici, de plus d’orange, de plus de jaune, le mouvement, dans quelle direction je veux aller. Il y avait un peu de réflexion à ce niveau pour la finition des œuvres, mais dans plusieurs cas je n’ai pas eu à la faire parce que même si j’aimais quelque chose, des fois je revenais avec la spatule puis un geste spontané de peinture et ça créait un autre aspect visuel totalement qui m’amenait ailleurs. Je faisais, je défaisais et ça l’a abouti avec les 101 pièces », a-t-elle ajouté en précisant que la 101e pièce a été terminée la veille de l’ouverture de la galerie.

Cette démarche a ramené Céline J. Dallaire à son travail d’il y a plusieurs années et a réveillé le désir de revenir vers l’art abstrait.

« C’était un peu le nettoyage de mon cerveau, mon intérieur que je faisais, pour être capable de me libérer de tous les détails et le contrôle que je prenais dans mes œuvres. C’est une façon que j’aimais beaucoup travailler, mais j’aime aussi le côté du geste spontané, l’automatisme, l’expressif. Naturellement, les couleurs restent très présentes dans mon travail aussi », a-t-elle précisé.

Un tout-en-un

Le 140, 8e rue n’est pas qu’un nouveau lieu d’exposition d’arts visuels, mais aussi un lieu d’enseignement et l’atelier de création de Céline J. Dallaire. L’endroit lui permet donc de déménager l’Académie des Arts, qu’elle a fondé en 2000, dans une classe derrière la galerie. 

« Quand j’ai visité les lieux, j’ai vu une opportunité, le potentiel que ça pouvait avoir avec mon académie. J’aimerais aussi inviter d’autres artistes à venir donner des cours. La classe est grande. Puis je dois avoir un studio sur place, donc en y réfléchissant et en ayant reçu une offre difficile à refuser, l’emplacement, le lieu et tout c’était gagnant. Bien sûr la galerie sert à me représenter moi-même, mais aussi va me permettre de faire des collectifs. C’est toujours ça que j’ai voulu faire et ça va me donner une liberté, au lieu d’attendre pour une salle. Je veux aussi lancer beaucoup le numérique, au point de vue 2D. Même si moi je fais des installations, c’est de promouvoir, avoir un lieu de diffusion pour la production numérique 2D. Il n’y en a pas ici dans la région », a déclaré la pionnière de l’art numérique en Abitibi-Témiscamingue.

Une grande panoplie de cours en arts visuels, ouverts à tous les niveaux, sont offerts à l’Académie des Arts, incluant du coaching privé. Bien que l’artiste ne donne pas de cours destinés aux enfants, elle a développé un programme pour former à l’enseignement de l’art aux enfants.

L’exposition 101 FRAG ARTS est en place jusqu’au 23 janvier prochain. Pour plus de détails sur la nouvelle galerie de Céline J. Dallaire et son œuvre, il faut visiter son site web. 

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