Samedi, 7 septembre 2024

La violence faite aux femmes toujours bien réelle

Publié:
Joanie Duval
Joanie Duval
Journaliste
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(Avec la collaboration de Jolann Rochefort.)

Pour clore les 12 jours d’action contre la violence faite aux femmes, une marche citoyenne a réuni une cinquantaine de personnes aujourd’hui à Amos, comme plusieurs autres ailleurs dans la région et en province. C’était aussi en commémoration au triste anniversaire du 6 décembre 1989, où 14 jeunes femmes étaient abattues à l’École polytechnique de Montréal parce qu’elles étaient des femmes.

La campagne 12 jours d’action, coordonnée par la Fédération des femmes du Québec, se déroule du 25 novembre au 6 décembre depuis 2008. Pour l’occasion, des organismes et des regroupements destinés à aider les femmes sensibilisent la population aux violences basées sur le genre et pressent les instances gouvernementales d’agir. Un travail effectué à l’année où il reste encore beaucoup à faire.

« Malheureusement je ne pense pas qu’il y a eu une amélioration (de la condition féminine). Si on pense aux procédures judiciaires qui sont de plus en plus longues, à l’écart de salaire entre les femmes et les hommes qui est encore énorme. Les discussions sont là mais les actions, j’ai l’impression qu’elles ne sont pas nécessairement mises de l’avant. J’ai plus l’impression que ça stagne en fait », a reconnu Vanessa Fortin, intervenante au Calacs-Abitibi, acronyme pour Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel.

« Je crois que le gouvernement du Québec contribue à maintenir les femmes dans une position de victime. On a même pu voir passer un ancien tweet de monsieur le Premier ministre qui mentionnait que les femmes c’était la vocation et qu’elles accordaient moins d’importance au salaire. Clairement, le gouvernement ne démontre aucunement qu’il est féministe ni qu’il est égalitaire », a-t-elle renchéri.

Tous les organismes œuvrant auprès des personnes victimes de violence liée au genre ont des solutions à proposer pour rééquilibrer la position de la femme dans la société québécoise, mais souvent le dialogue est difficile avec les autres acteurs impliqués.

« On veut voir des actions concrètes avec les métiers typiquement féminins, où les conditions sont moins bonnes. Tout ce qui est secteur publique, on voit des actions à faire par rapport aux salaires, aux conditions de travail, aux logements, les allocations qui diminuent. Tout ça contribue à ce que les femmes restent dans des milieux violents ou des situations de violence », a ajouté Vanessa Fortin, faisant référence aux négociations dans le secteur public qui renferme surtout des professions où on retrouve une majorité de femmes.

La lenteur des procédures judiciaires pour les victimes de violence et la précarité économique des femmes sont également mises en cause dans la non-atteinte de l’équité pour les femmes.

« Ce qu’on dénonce aujourd’hui c’est l’accès au logement qui est vraiment difficile pour les femmes. On aimerait ça qu’il y ait plus de mesures qui soient prises dans ce sens-là. On a une très belle collaboration avec la Ville d’Amos mais il faudrait aussi que les propriétaires prennent action. Ce qu’on sait c’est que les femmes dans certains cas doivent donner des faveurs sexuelles pour pouvoir avoir un logement. C’est quelque chose qu’on voit, c’est la réalité qu’on vit en ce moment à Amos et en Abitibi. On parle aussi de lenteur dans le système de justice. On dit environ deux ans, mais ça peut aller au-delà de ça, avant qu’une personne victime fasse le processus complet au niveau de la justice. On est toujours en attente du tribunal spécialisé dans notre région. On aimerait ça que ça arrive un peu plus rapidement pour ces femmes-là », a déploré Sophie Bastien, intervenante mère-enfant à la Maison Mikana, qui offre des services aux femmes et aux enfants victimes de violence conjugale.

« Donc nous on maintient cette marche-là. C’est une marche des alliés qu’on appelle, parce que la violence faite aux femmes ça touche toute la population, puis on sait et souhaite que les gens prennent action individuellement mais aussi collectivement à lutter contre la violence faite aux femmes », a-t-elle conclu.

Il est possible de s’informer sur la cause et les actions nécessaires pour contrer la violence faite aux femmes à partir du site web et des réseaux sociaux des 12 jours d’action contre la violence faite aux femmes.

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