Georges Pisimopeo fera son entrée dans le monde littéraire le 26 septembre prochain avec son premier livre Piisim Napeu (Éditions Hannenorak). Il signe un récit autobiographique réparti en chroniques qui amène le lecteur à différents moments de sa vie, bondissant d’un pan de vie à un autre.
La langue crie côtoie le français à chaque page du livre, reflet des origines de l’auteur eeyou, né dans la forêt abitibienne près de Senneterre d’une mère crie et d’un père métissé.
Il raconte, avec ouverture et franchise, les abus, la violence des traumatismes intergénérationnels et son parcours de vie au service de sa communauté. Des mots qui troublent et bouleversent, mais également des mots « salvateurs, réparateurs ».
Des mots qui forment, malgré les désolations vécues, une lettre d’amour à sa mère Planshish, à ses ancêtres, à ses sœurs, ses frères, à la mère de ses enfants et à ses enfants, ainsi qu’à des collègues de travail qui l’ont marqué.
« Grâce à ces mots, je suis aujourd’hui en paix avec la vie » épilogue-t-il dans Piisim Napeu.
Fil conducteur
Le projet d’écrire ce livre, Georges le mijote depuis une quarantaine d’années. Son travail au sein des Premières Nations, son engagement communautaire et l’engrenage de la vie quotidienne, l’ont maintenu à distance de l’écriture.
Il est finalement passé à l’action après avoir quitté son conjoint. Il a alors couché par écrit son histoire, comme un torrent, il a laissé couler les mots comme ils venaient.
« J’ai profité de cette solitude pour écrire. J’ai tout écrit sans réfléchir, comme ça me venait. Mais en me relisant je trouvais que ça n’avait pas de sens. Il semblait manquer un fil conducteur » confie-t-il.
« Je l’ai alors fait lire à la mère de mes enfants (la documentariste et auteure Lucie Lachappelle), avec qui j’ai une grande amitié et qui m’a toujours encouragé à écrire mon livre. Elle m’a dit : « Tu en as un fil conducteur, c’est Planshish. » Elle m’a ensuite grandement aidé à construire le récit autour. »
L’esprit de Planshish est effectivement omniprésent dans Piisim Napeu. On y est témoin de la précieuse transmission des savoirs ancestraux qu’elle a su faire malgré ses propres traumatismes et le racisme avoisinant.
Transmettre les traditions et la langue
À peine devenu travailleur social, début vingtaine, Georges Pisimopeo a participé à la fondation du Centre d’amitié autochtone de Senneterre. Il y consacre même un chapitre intitulé Annie Moore, nom de celle qui a contribué avec lui à la naissance de l’organisme.
L’auteur ne croit pas en la prédiction des anciens qui disait que la guérison viendrait au bout de sept générations, mais il a de l’espoir quand il voit le travail accompli par des lieux comme le Centre d’amitié depuis plus de 40 ans.
« On a tellement été malmené par les gouvernements, ça va prendre plus de temps encore (que sept générations). Je pense que ça va passer par le rétablissement de la langue chez les plus jeunes. Elle devrait être enseignée partout et reconnue. C’est très important de transmettre aux plus jeunes les savoirs ancestraux », affirme Georges qui sera de passage à la fin du mois de septembre au Centre d’amitié de Senneterre pour donner une conférence.
Piisim Napeu est un incontournable à ajouter à votre liste de lecture cet automne.