Vendredi, 6 décembre 2024

Un enseignant abitibien se prépare à construire des maisons sur imprimante 3D

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Christian Péloquin
Christian Péloquin
MédiAT
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Est-ce qu’on passe de la science-fiction à la réalité ? Probablement, parce qu’un consortium d’une douzaine de chercheurs qui proviennent de différents établissements d’enseignement postsecondaires ou de centres collégiaux de transferts de technologie du Québec, dont l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ), souhaite construire des bâtiments modulaires durables fabriqués par impression 3D.

David Laliberté est un ingénieur et enseignant au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue. C’est lui qui est à la tête de cette recherche importante pour l’avenir. Il s’agit ici de construction durable facilement adaptable à notre climat. C’est tellement sérieux que le Fond de recherche du Québec-Nature et technologies (FRQNT) appui financièrement avec un montant de 900 000$ sur trois ans différents chercheurs et partenaires.

Selon une étude de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) publiée en juin 2022, il manquera environ 600 000 logements au Québec en 2030. Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre touchant plusieurs secteurs économiques, dont le milieu de la construction, la province devra donc accélérer le rythme de croissance de son parc immobilier, avec un effectif ouvrier similaire, voire moindre. Alors l’idée est de contré ce grave problème qui nous pend u nez.

L’objectif est d’être en mesure, d’ici trois ans, de construire et d’ériger des habitations plus abordables et durables. Le prototype fonctionnel, un bâtiment modulaire imprimé au Québec, sera conçu et assemblé en 2025 pour Habitat pour l’humanité Québec.

« Nous proposons d’évaluer les gains potentiels d’une technologie émergente, soit l’impression 3D à grande échelle, et de l’utiliser pour imprimer des modules qui seront assemblés pour construire un bâtiment. L’impression en usine de modules permet l’édification de petits et de grands immeubles douze mois par année, en diminuant les coûts de production et en accélérant la cadence de construction, et ce, dans le but d’augmenter l’accès à la propriété des Québécoises et des Québécois », lance David Laliberté, enseignant au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue et initiateur de la démarche

Cette technologie, qui est déjà utilisée ailleurs dans le monde, permet notamment de :

  • produire plus rapidement la partie structurelle d’un bâtiment comparativement aux pratiques traditionnelles;
  • nécessiter moins de main-d’œuvre par logement construit;
  • utiliser moins de matériaux en réduisant les pertes;
  • faire des formes arrondies, plus fortes structurellement.

Déjà en Ontario, l’impression de bâtiments a déjà commencé depuis 2022. L’approche du Québec sera un peu différente, car on propose de faire des modules en usine, puis transportés sur le site de construction, tandis qu’en Ontario on construit à même le site.

« Cette méthode offre plusieurs avantages selon nos hypothèses, soit d’utiliser une plus petite imprimante, donc moins coûteuse, de ne pas déplacer l’imprimante, de permettre un gain de temps et de construire de grands bâtiments en multipliant les modules ce qui pourrait favoriser la densification du cadre bâti », soutient pour sa part le directeur du Service technique de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ), Marco Lasalle.

Le RI³D-FRQNT devra toutefois se pencher sur les matériaux utilisés par cette nouvelle technologie, puisque le béton est une matière avec un bilan carbone plutôt décevant.

« Le regroupement vise faire des recherches sur des bétons plus verts, sur des matériaux imprimables alternatifs et sur l’efficacité énergétique des bâtiments imprimés », nuance cependant le professeur Ammar Yahia, qui est titulaire d’une chaire industrielle du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG) sur les bétons fluides à rhéologie adaptée.

Des recherches sont à prévoir pour arriver à un résultat fiable. Néanmoins, l’initiative est fortement appuyée financièrement par certains partenaires pour un total de 1,2 million de dollars.

« Nous sommes très heureux d’avoir pu obtenir le soutien financier du FRQNT, sans lui, on ne pourrait envisager ce projet », commente l’enseignant.

« Je suis très heureuse du soutien accordé par le FRQNT au professeur Laliberté pour la mise en place de RI³D-FRQNT, déclare la directrice scientifique du FRQNT, Janice Bailey. L’expertise scientifique que l’on retrouve dans nos regroupements de recherche, de même que l’excellence et la compétitivité dont ils font preuve, les place à l’avant-garde de leur domaine. Je salue le fait que la recherche au sein de ce nouveau regroupement de recherche collégial sur les immeubles durables se fera de manière interordre, interdisciplinaire, et interregroupements de recherche, un moyen privilégié selon moi pour renforcir et développer l’écosystème de recherche québécois. »

LISTE DES PARTENAIRES DU MILIEU
ADÉQUATION DES COMPÉTENCES DES MEMBRES DU RI³D-FRQNT

NOM FORCES ET COMPÉTENCES PARTENAIRE
David Laliberté Passive house; génie industriel, mécanique et structure; gestion Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue
Abdelmajid Rakib Utilisation de rejets industriels pour améliorer le béton Centre technologique des résidus industriels
Louis-Étienne Rose Architecture et enveloppe

Conception de bâtiment

Cégep André-Laurendeau
Richard Lang Optique, fabrication du verre Optech (Cégep de La Pocatière)
Othmane Dayi Génie industriel, manutention et logistique InnovLOG 
Anas Harraq Génie civil, structure, béton Cégep régional de Lanaudière
Elisabeth Laroche Impression 3D, prototypage rapide INEDI
Ammar Yahia Impression de béton, structure, civil Université de Sherbrooke
Dahai Qi Enveloppe, maison passive, système incendie
David Myja Modification chimique et création de produits fibreux Innofibre (Cégep de Trois-Rivières)
Franz Segovia Abanto Développement de matériaux composites à base de bois SEREX (Cégep de Rimouski)
Ivanka Iordanova Lean construction, BIM ETS
Shirlane Day Besoin du client Habitat pour l’humanité Québec
Marco Lasalle Expert en enveloppe du bâtiment Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec
Annie Languedoc Experte en relation de travail liée à la construction

À propos de l’APCHQ

L’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) regroupe plus de 20 000 entreprises au sein de 13 associations régionales, principalement des entrepreneur.e.s généraux.ales en rénovation résidentielle.  L’Association travaille dans l’intérêt de ses membres pour répondre aux enjeux en matière de qualité de construction, de défis environnementaux et de besoins en habitation.

Voici un vidéo qui vous donnera une idée de l’avenir.