Samedi, 18 mai 2024

Accident de travail: la Fonderie « a sous-estimé les risques »

Publié:
Joanie Duval
Joanie Duval
Journaliste
Le travailleur s'est retrouvé enseveli sous les poussières toxiques de la trémie qu'il nettoyait. Image: Capture d'écran de la reconstitution des faits animée de la CNESST.
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La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) a rendu publique en début de semaine son rapport d’enquête sur un accident de travail survenu à la Fonderie Horne de Rouyn-Noranda le 28 avril dernier.

L’enquête de la CNESST a déterminé que la Fonderie « a sous-estimé les risques associés aux contaminants ainsi qu’à l’ensevelissement, entraînant une intoxication grave d’un travailleur lors du travail dans les trémies, considérées comme des espaces clos ». L’accident aurait également été causé par une gestion déficiente de l’entrée en espace clos du travailleur accidenté.

Un opérateur de nettoyage industriel de S.X.B. Environnement a vu sa vie basculer lors d’un contrat de nettoyage dans le cadre d’un arrêt planifié à l’usine de la Fonderie Horne. Alors qu’il entrait à l’intérieur d’un réservoir en forme d’entonnoir, appelé une trémie, pour faire l’aspiration des poussières toxiques, il a constaté une accumulation de plus de trois mètres de haut dans la trémie.

Le travailleur a d’ailleurs témoigné que ni son employeur, S.X.B. Environnement, ni la Fonderie ne l’ont informé de la toxicité des poussières à l’intérieur de la trémie. On ne l’a également pas informé que l’espace devait être vidé de presque la totalité de son contenu avant l’opération.

« Tandis qu’il faisait descendre les poussières à l’aide d’un outil racloir vers le tuyau d’aspiration, une grande partie de l’amas s’est détachée de façon soudaine, l’ensevelissant par-dessus la tête et le coinçant près de la porte à l’intérieur de la trémie. L’intensité du choc a été suffisamment forte pour lui retirer son appareil de protection respiratoire et son casque de sécurité. Il a donc respiré et ingéré les poussières toxiques. Le surveillant d’espace clos qui accompagnait l’opérateur de nettoyage industriel, et qui n’a pas été blessé, est venu à son secours. Le travailleur accidenté a été transporté au centre hospitalier », a établi la CNESST dans son rapport.

Le surveillant de garde qui accompagnait le travailleur aurait pu subir aussi de graves blessures puisqu’il a été projeté par l’intensité de l’avalanche de poussières. Ses lunettes de protection ne suffisent pas et ses yeux se retrouvent recouverts de poussière toxique. Un nettoyage a toutefois suffi à retirer le tout et il s’en est tiré sans blessures.

Les analyses toxicologiques des prélèvements effectués sur l’opérateur intoxiqué ont révélé une présence élevée d’arsenic, de plomb, de cuivre et de zinc.

Rigueur et planification

Trois mois après l’accident, la CNESST a exigé de la Fonderie Horne qu’elle modifie sa procédure de travail interne identifiée Sauvetage en espace clos (premiers répondants) afin de respecter la norme. Elle s’est conformée à la demande et a fourni la procédure modifiée.

La CNESST indique dans son rapport que des solutions existent pour prévenir de tels accidents en espace clos. Une planification et une préparation rigoureuse des travaux, de même que l’identification de tous les risques liés aux espaces clos sont des étapes indispensables. Les employeurs et donneurs d’ouvrage devraient également mettre en place des méthodes de travail sécuritaires et des moyens de prévention, ainsi qu’un plan de sauvetage personnalisé.