Jeudi, 10 octobre 2024

Amos vous raconte, le documentaire: « Comme bâtir un immense paquebot »

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Joanie Duval
Joanie Duval
Journaliste
Véronique Larouche-Filion et Joanne Forest dans leurs costumes d'Amos DesEskers et Madame Authier. Photo: Anthony Paquette
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(Avec la collaboration d'Anthony Paquette)

Les témoignages de la distribution de la pièce déambulatoire « Amos vous raconte son histoire » ont fusé dans la salle du Cinéma d’Amos lors de l’avant-première médiatique du documentaire tourné pendant la dernière saison du circuit. 

« Beaucoup de plaisir, c’est des belles rencontres, beaucoup d’apprentissage aussi », « C’est des gens. J’ai tellement rencontré beaucoup de beau monde et j’ai beaucoup changé grâce à eux », « On a passé beaucoup de temps ensemble et c’est devenu une deuxième famille », qu’on a pu entendre de la part de comédiennes présentes.

Un échange questions-réponses a eu lieu avec les instigateurs du projet théâtrale et du film « Amos vous raconte : les coulisses d’une décennie d’histoires », Véronique Larouche-Filion et Bruno Turcotte.

« On avait une école de théâtre, on avait une école de danse, on avait plein de projets et on avait le goût d’un gros projet porteur majeur qui assure une sécurité pour la compagnie, et aussi un libre accès à la créativité. J’adore lire, j’adore l’histoire, mais j’ai toujours lu sur l’histoire des autres, je ne m’étais pas intéressée à la mienne. Puis c’est en sortant avec Bruno, comme il l’a dit dans le documentaire, eux en Beauce sont fiers mais pas à peu près. Quand tu les traites de « Jarrets noirs », sont contents là », a expliqué celle qui a incarné Amos DesEskers pendant dix étés.

« On s’était mis à réfléchir là-dessus. L’été on prend des vacances, puis on va en touristes voire les attractions des autres villes et on avait fait quelques circuits historiques. On aimait ça vraiment. J’ai un petit côté très spirituel. Des fois les astres, les étoiles s’enlignent et les affaires se placent sur le grand échiquier de la vie. La Ville était partante pour soutenir un gros projet de même. On avait beaucoup d’amis qui voulaient faire du théâtre, donc tout était comme mis en place. Il restait juste à nous de faire l’espèce de puzzle de tout ça », a-t-elle ajouté sur les origines de la pièce.

De son côté, Bruno Turcotte, directeur général des Productions du Raccourci a répondu à la question « Pourquoi le film? ».

« On voulait laisser un leg. Non seulement, avec les livres mais avec le film aussi. Le théâtre ça s’exporte difficilement, surtout avec un circuit dans les rues de la ville. Au moins le film va donner une voir à cette œuvre-là, puis aussi à la puissance de la communauté. Mon constat final d’Amos vous raconte, c’est la puissance de la collaboration de cette communauté qui est unique », a-t-il témoigné.

« Comme bâtir un immense paquebot »

Bruno Turcotte éprouve une grande fierté devant le travail accompli, du début de l’aventure dans les rues d’Amos à la sortie du documentaire.

« C’est comme bâtir un immense paquebot. Au début, t’es là avec tes petits matériaux, t’as une barque, c’est artisanal. Puis là plus ça va plus les matériaux sont solides et ça devient ambitieux. C’est impressionnant. J’ai l’impression que ça ne pouvait pas finir autrement. C’est tellement fou cette aventure-là. Ça l’a occupé six mois de notre vie, à chaque année, pendant presque 12 ans. Deux mois plus qu’à temps plein pour Véronique et moi, même les enfants. Tous les bénévoles qui tournent autour de ça. C’était soit qu’on arrêtait jamais de faire le spectacle ou qu’on puisse laisser quelque chose qui deviendra pérenne pour l’avenir », a-t-il déclaré.

Pour la réalisation finale du projet, une campagne de sociofinancement a été lancée l’année dernière. Cette dernière a permis de récolter un montant de 5000 $.

« Il y avait beaucoup de post production qui devait être fait, des balances de son, colorisation et se garder un bon coussin pour la partie promotionnelle. On a récolté 5000 $ dans la communauté, les donateurs privés et corporatifs. Nous aussi, côté production, on est allé faire des rencontres chez des partenaires pour les inviter à mettre la main à la pâte comme je dis dans le film. Dans le fond, c’est une vitrine pour Amos, une vitrine pour l’Abitibi-Témiscamingue. On voulait en être fier, puis je pense que les gens étaient conscients que ça allait avoir une portée comme film. Donc les gens ont été très généreux. Puis aussi c’était un peu une façon de boucler la boucle, pour plusieurs partenaires qui étaient déjà avec nous, dans les débuts du spectacle », a mentionné Bruno Turcotte.

Il a également souligné le professionnalisme de BOJO’s Films et l’expérience agréable qu’ils ont vécu en travaillant avec eux. 

« Déjà c’est une équipe de réalisation professionnelle. Il a fallu faire des choix déjà en amont de la réalisation. On aurait bien aimé avoir tous les acteurs par exemple, ne serait-ce qu’une seule fois pour participer aux interviews, mais j’ai laissé 100 % de liberté à l’équipe. C’est des artistes eux aussi, donc ils avaient une vision du film. On a donné les grandes lignes, on voulait qu’on ressente un sentiment de fierté, un sentiment de devoir accompli. On voulait que ce soit un film qui inspire les autres communautés, donc que ça ne concerne pas seulement les gens d’Amos ou d’Abitibi, on voulait que ça concerne tout le monde. Qu’on devienne un sujet d’étude de ce qu’on fait avec notre patrimoine chez nous. »

Tour des festivals

Puisque le film a été sous-titré en plusieurs langues, il pourra rejoindre un plus large public, une fois la tournée régionale complétée.

« On travaille aussi pour faire une tournée des communautés anishnabek. Vous savez le film a été sous-titré en anishnabe, en espagnol et en anglais, pour permettre une diffusion internationale. Il sera diffusé éventuellement en ligne », a indiqué Bruno Turcotte.

La production du film travaille également à faire entrer le documentaire dans des festivals du cinéma.

« Les tours de festival c’est pas gagné d’avance. Il faut vraiment que l’on passe par un processus de jury. On tombe aussi dans une programmation documentaire, donc là on tombe dans un créneau qui est un peu plus niché. On travaille fort pour ça. Est-ce qu’on va scorer finalement? Je ne sais pas. Je pense qu’on a un beau film, mais encore faut-il que l’intérêt soit bien suscité », a-t-il ajouté.

Une série de représentations aura lieu dans quelques villes d’Abitibi-Témiscamingue, à commencer par la grande première au Cinéma d’Amos le 3 mai prochain, puis suivront La Sarre le 6 mai, Rouyn-Noranda le 8 mai, Val-d’Or le 9 mai et Lebel-sur-Quévillon le 14 juin. D’autres dates pourraient s’ajouter. Chaque séance sera complétée avec une portion questions et réponses à la suite du visionnement. 

Tous les détails sont disponibles sur le site web et la page Facebook d’Amos vous raconte.