Qui a dit que le sport compétitif devait s’arrêter dans la trentaine? Les Maîtres d’haltérophilie prouvent le contraire. J’ai rencontré une de ces athlètes accomplis, Caroline Darveau, dans sa salle d’entraînement privé.
Caroline accumule les médailles en haltérophilie depuis l’adolescence. Originaire de La Sarre, elle a débuté dans cet univers avec des compétitions comme les Louis-Cyr. En 1993, lors des championnats canadiens qui se déroulaient dans sa ville, elle a décroché notamment une médaille d’or dans sa catégorie.
Trente ans plus tard, c’est à Orlando en Floride qu’elle reçoit une autre médaille d’or, dans sa catégorie de poids et d’âge, lors du championnat panaméricain des Maîtres, une compétition de grande envergure. Cette expérience l’a beaucoup impressionné et l’a conforté sur la voie compétitive.
« L’année passée, quand j’ai participé, c’était un peu sans le savoir que je me qualifiais. Je suis allé à une compétition à La Prairie, j’y allais pour le fun. Puis là les filles là-bas m’ont dit que je venais de me qualifier pour les Panaméricains à Orlando. Ok ça me tente go! Donc là j’ai vu que ce sont des grosses compétitions, j’étais surprise de voir le calibre et comment il y avait de gens. Ça se déroule sur quand-même plusieurs jours. C’est cinq jours et c’est vraiment 8 à 7 sans arrêter, sur deux plateaux de compétitions simultanés », a raconté Caroline.
Après un détour par le crossfit, l’athlète rouynorandienne a décidé d’investir chez elle, dans son garage, pour se créer une salle d’entraînement qui correspondait à ses besoins.
« Le crossfit c’est vraiment un beau sport, mais avec mon horaire atypique, à la Baie-James, c’était compliqué avec les horaires des cours dans les gyms. Donc ça ne convenait pas, je ne trouvais pas ce que je voulais là-dedans. L’haltéro c’est sûr que c’est un sport plus solitaire. Je vais m’entraîner au club à Rouyn de temps en temps mais ici je peux m’entraîner quand je veux. J’ai une coach, Rachelle Leblanc Bazinet, pour qui je me filme. J’ai commencé à monter mon gym en 2016. À ce moment-là, j’avais une rangée de poids, quatre petits tapis de caoutchouc, j’ai deux barres. On est pu là maintenant. J’ai 1650 livres de plates », m’a expliqué Caroline en me faisant visiter son espace d’entraînement installé dans son garage attenant.
Comme tous les athlètes, la vie de Caroline gravite autour de son sport. Elle s’assure de se nourrir adéquatement et de dormir suffisamment pour déjouer les problèmes normalement reliés à l’âge. Elle ne voit pas le jour où elle quittera ce mode de vie.
« Avec l’âge, on ne se le cachera pas, il faut plus se réchauffer, prendre le temps de faire des étirements avant. C’est beaucoup de mouvements de rotations d’épaule, les rotateurs tout ça. J’ai une demi-heure d’étirements à faire avant de commencer à toucher une barre. J’ai commencé l’haltéro à 14 ans. J’ai toujours continué, tourné autour de ça. C’est quelque chose dont j’ai besoin. Je ne suis pas capable d’arrêter ce genre de sport là. Puis les barres c’est de quoi que j’adore. J’ai toujours aimé ça. Je m’entraîne cinq à six fois par semaine, je ne suis pas bien si je ne m’entraîne pas. Donc m’arrêter non, mais je vais probablement m’ajuster », a-t-elle déclaré.
Les Maîtres à Rouyn-Noranda
Les Championnats canadiens Maîtres d’haltérophilie se tiendront cet été à Rouyn-Noranda. Caroline Darveau y participera, en plus de faire partie du comité organisateur de l’événement.
« C’est 30 ans et plus. On y va par catégorie de poids, catégorie d’âge. Il y a des qualifications aussi, donc il faut se qualifier préalablement. Cette année, j’ai fait les Jeux du Québec à Amos, pour aller me qualifier justement pour les Masters. Il y a deux mouvements, l’arraché, où la barre par du sol d’un coup jusqu’en haut et l’épaulé jeté, où on prend la barre au sol, on l’amène aux épaules, puis des épaules jusqu’en haut. Ça donne trois pointages : l’arraché, l’épaulé jeté et le total. Ça dépend des compétitions pour la remise des médailles. Il y en a que c’est seulement au total, et d’autres tu en as par mouvement et au total. J’aimerais aller chercher les records canadiens pour les Maîtres ici à Rouyn », a expliqué l’haltérophile.
« C’est sûr que côté Masters c’est un calibre qui est différent. Si on regarde un Alex Bellemare qui est à un niveau compétitif très élevé, ça prend des standards qui sont vraiment élevés, donc il performe à un niveau très haut. Les masters pour moi, sans dire que c’est facile, mais ce sont des qualifications qui sont toutes possibles pour moi. Je regarde les championnats du monde et oui c’est atteignable. C’est quelque chose qui m’intéresse. Cette année, il y avait la Finlande et le Japon s’en vient. Oui j’aimerais ça, c’est un but à atteindre », a-t-elle ajouté.
C’est la deuxième fois que Rouyn-Noranda sera l’hôte des Maîtres canadiens avec le club d’haltérophilie Héraclès.
« Officiellement, il y a juste le club d’haltérophilie de Rouyn qui est en activité dans la région. On a une belle collaboration avec les clubs de l’Ontario, ils ne sont pas loin et on se visite. Le gros plateau de compétition pour les Maîtres, on l’emprunte au club de North Bay », a précisé Caroline.
Les Championnats des Maîtres d’haltérophilie se tiendront du 12 au 14 juillet prochains au gymnase du campus de Rouyn-Noranda du Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue, avec comme présidente d’honneur la championne olympique et Rouynorandienne d’origine Christine Girard.
Plus de 140 athlètes y participeront dont plusieurs de la région, tels que Stéphanie Poirier, Mario Robitaille, Andris Varancaus, Jessica Ruel, David Petit, Guillaume Arcand, Isabelle Brochu, Jean-Yves Levesque, Émilie Auclair, Marie-Claude Naud. D'autres sont en attentes de qualification et pourraient s'ajouter dans les prochaines semaines.