Samedi, 7 septembre 2024

Une lecture qui vous fera aimer l'épicerie

Publié:
Joanie Duval
Joanie Duval
Journaliste
Sur la page couverture du premier livre de Christine S. Noranda, Madame Épicerie et ses trucs éconos et écolos.
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Une auteure de la région a lancé son tout premier ouvrage sous le pseudonyme de Christine S. Noranda. Avec Madame Épicerie et ses trucs éconos et écolos (Éditions de l’Apothéose), elle fait le pari que vous finirez par aimer faire l’épicerie. J’ai beaucoup apprécié la lecture de ce premier livre qui est une véritable mine d’informations.

Puisque l’auteure désire garder l’anonymat, nous avons procédé par un classique questions-réponses à l’écrit. (Q=Question, R=Réponse)

Q : Premièrement, pourquoi le pseudonyme? Une raison précise ou est-ce le simple romantisme d’utiliser un nom de plume?

R : Même ma famille et beaucoup de mes amis ne sont pas au courant! Il y a deux principales raisons, mais les dévoiler en diraient beaucoup sur mon identité. Cependant, je peux en citer d’autres qui ont un impact moindre : 

  • Je ne désire pas devenir un personnage public. C’est le message (ou l’histoire) qui importe, pas le porteur du message;
  • J’écris pour le plaisir, et je veux explorer toutes les directions qui me plairont. Je travaille d’ailleurs sur un roman fantastique, et j'ai des projets d’un roman de type chick lit, un de science-fiction, un autre pour ados, et une foule d’idées;
  • Je désire séparer ma vie professionnelle et mon statut d’écrivain;
  • Que mes écrits soient des succès (je l’espère) ou des flops, je ne serai pas jugée personnellement, et mon ego n’en sera pas affecté (couche-tapis, le hamster). En plus, le pseudonyme protégera mes proches de mauvaises critiques;
  • Aussi, je trouve intéressant l’aspect mystérieux du nom de plume;
  • Je préfère Christine Noranda à mon vrai nom, c’est plus joli!

Q : À partir du moment où une mayo maison a déclenché votre envie de changer vos habitudes alimentaires, combien de temps il a fallu pour qu’un changement réel s’installe?

R : Ça a été assez rapide, quelques semaines et j’étais prête à tout changer! Comme j’impliquais le conjoint et les enfants, ça a été un beau défi de groupe et de belles discussions. Les changements ont été effectués un à un au fil des ans.

Quand on réalise que les longues listes d’ingrédients peuvent nous rendre malades alors que justement, on pensait bien manger, les priorités sont faciles à modifier et tout se fait dans le plaisir.  Le reste s’ensuit; la consommation, le potager, etc.

Q : Quel a été l’élément déclencheur de l’écriture de ce livre?

R : Depuis le début du processus, j’écrivais mes succès, mes découvertes, et je me disais donc que tout le monde devrait faire ces prises de conscience. Mais comment? Un jour, je mets une liste des « je fais moi-même » à jour et j’ai compris, avec ma passion de l’écriture, que les deux pouvaient se combiner! J’ai donc mis le projet de roman fantastique de côté et j’ai foncé.

Q : Si on présentait votre ouvrage à une personne d’Europe ou de plusieurs autres coins du monde, elle serait probablement choquée. C’est très nord-américain de stocker beaucoup de nourriture chez soi. Que pensez-vous de l’habitude étrangère de faire son marché presque tous les jours pour rapporter les ingrédients du souper à la maison? 

R : Le livre Madame Épicerie est déjà disponible en Europe, sur la librairie en ligne Eyrolles. Je ne crois pas que nos cousins soient choqués. Ils choisiront ce qui fait leur affaire parmi les 350 trucs partagés. 

Pour ce qui est du consommer différemment, vous parlez des Parisiens qui font leurs courses de façon quotidienne : ils y trouveront peut-être des trucs pour moins gaspiller, parce que, qu’on se le dise, si on va au marché tous les jours, il arrive souvent qu’on revienne à la maison et constater qu’il nous restait de ceci ou de cela. N’oublions pas que partout sur la planète, certains habitent en campagne ou plus loin des services aussi. 

L’application citée dans mon livre, Frizor, a été conçue et est gérée via la France (à Paimpol); ça découle certainement d’un besoin de gestion des stocks de leur part… 

*Notez qu’un pain, sous toutes ses formes, se congèle très bien et ne perd rien en texture ni en goût une fois réchauffé; on le mouille avec quelques gouttes d’eau, on en fait une papillote avec un papier aluminium (de second emploi ou qu’on va récupérer, évidemment) à 350 oC quelques minutes.

Q : À la lecture de votre livre, j’ai redécouvert plusieurs trucs que je pratiquais vaillamment avant mars 2020, notamment l’élaboration des menus de la semaine et une rotation des stocks efficaces, mais ces pratiques semblent avoir été reléguées aux oubliettes dans notre famille et plusieurs autres je pense. Avez-vous rencontré des difficultés à garder vos habitudes durant cette période?

R : Durant la pandémie? Oui, bien sûr! Tout notre quotidien a été chamboulé, nous avions perdu nos repères! Encore aujourd’hui, quoique plus rare, il m’arrive encore moi aussi de ne pas dresser la liste des menus de la semaine. Je vous le dis, ça va mal, je suis marabout tous les matins, et le gaspillage de nourriture est plus élevé… Mais comme les trucs facilitent vraiment le quotidien, ils sont revenus au galop par la suite!

Vous savez comme moi qu’un truc qu’on découvre, on l’essaie d’abord, on l’oublie, on le malmène, on est contrarié, on recommence, on le modifie, on vit des échecs plus ou moins grands. Puis, s’il nous intéresse vraiment, on l’ajuste bien à notre mode de vie, et il finit par être acquis. Les trucs du livres sont tous appliqués chez moi, ou l’ont déjà été.

 Q : Vous écrivez : « Notre consommation est le carburant dans l’engrenage de la chaîne de pollution », en parlant des industries qui fabriquent à outrance des biens de consommation. Quel est selon vous la part de responsabilité que devrait prendre nos dirigeants?

R : Même si je pense que cette part est relativement importante, je suis frileuse à parler de politique dans le livre, comme vous l’avez constaté. Si nos bacs de récupération et de poubelle sont pleins aux deux semaines, c’est déjà le signe que le problème est à la source. Chacun doit faire sa part. 

Le suremballage (particulièrement à l’épicerie) me dégoûte aussi au plus haut point : les bananes dans une barquette de styromousse enveloppée de plastique, ou les aliments biologiques qui sont emballés plus que les non biologiques, le compostage qui n’est pas offert aux restaurants, épiciers et autres, etc. On devrait tous dénoncer ces pratiques et exiger des changements, comme le propose le 7e R de Revendiquer. Mais là n’est pas ma bataille, je ne vais en guerre contre quiconque. Je ne souhaite que partager mes trucs.

Q : Vous consacrez un chapitre aux 7R : refuser, réduire, réparer, réutiliser, recycler/composter/valoriser, réinventer et revendiquer. Lequel des R vous pose le plus grand défi?

R : Réduire est difficile, avec l’offre grandissante, les tendances éphémères, les publicités ciblées, j’admets! On oublie facilement nos beaux principes et parfois, on regrette notre achat seulement rendu à la maison. Mais on ne peut que s’améliorer! En être conscient est un pas dans la bonne direction pour faire mieux la prochaine fois.

Réparer ou faire réparer est le plus grand défi à mon avis, car tout ce qui brise est déjà devenu désuet, surtout en lien avec la technologie. Il y aura quelque part un meilleur modèle pour le remplacer, et en spécial. 

Q : Vous parlez de jardinage et de produire sa nourriture à l’échelle de sa famille, mais peu ou pas d’agriculture. Que pensez-vous de l’évolution des fermes de proximité et des marchés publics dans la région?

R : Manger le plus local est évidemment une excellente solution, en plus de produire le plus possible sa nourriture. J’aurais effectivement dû ajouter le marché public dans les endroits à visiter, avec le magasin de vrac. Contrairement aux grands centres toutefois, le marché public en région n’est à notre disposition qu’une journée par semaine, ce qui ne convient pas à tout le monde, ni toutes les semaines. On ne se cachera pas non plus que parfois, c'est malheureusement plus cher, quoique bien meilleur. Une solution devra être trouvée pour les producteurs, qui devraient être perçus comme le garde-manger des régions…

Pour ce qui est des fermes de proximité, je ne parlerais pas d’évolution mais plutôt de déclin. Un grand nombre de petites fermes et de maraîchers sont en grande difficulté, croulant sous la paperasse et les contraintes environnementales et autres, comme l’accès à des abattoirs, la hausse des coûts, la sécheresse, et j’en passe. Ils ne peuvent rivaliser avec les chaînes d’épicerie qui vendent à rabais, parfois même à perte, certaines denrées, comme la viande et les légumes. Encore ici, c’est très politique et ce n’est pas abordé dans mon livre. 

Q : Quelques pages sont dédiées à la santé mentale, à l’importance de s’accorder l’espace nécessaire pour profiter de la vie et de faire attention aux spirales de stress. Est-ce que votre parcours a été ponctué d’épisodes plus difficiles en lien avec votre santé mentale?

R : Tellement! Je dois vivre, moi aussi, avec l’anxiété depuis des années. D’ailleurs, un jour, j'ai décidé de parler ouvertement de mon anxiété autour de moi, et j’ai constaté que la majorité des personnes à qui j’en discutais me disaient être aux prises avec une anxiété quelconque! C’est pourquoi je désirais une section sur le sujet dans le livre. Pour atténuer cette anxiété, je dois lire mes routines du matin, et rester calme, surtout quand je vois venir mes sources d’anxiété.

Nous vivons trop vite, et de là découle tout le reste…Pouvons-nous nous calmer le pompon?

Q : Je dis souvent à mes enfants que les cours d’économie familiale devraient revenir à l’horaire dans les écoles. Votre livre est tout comme un traité d’économie familiale où vous partagez beaucoup de votre savoir-faire. Est-ce que l’on peut s’attendre à un volet formations ou ateliers qui découlerait de vos écrits?

R : Que c’est intéressant! Les paragraphes de mon livre étant tous très concis et accessibles, j’avais pensé que chacun d’eux pourrait être développé sur ma page Facebook ou un blog, soit un truc par jour pendant un an par exemple. 

Je suis aussi d’avis qu’à l’école, les enfants, dès le primaire, devraient apprendre certaines compétences, comme organiser et son temps et ses priorités, gérer son stress, élaborer un budget et une liste d’épicerie, cuisiner les aliments de base, apprendre à utiliser des outils tant en cuisine que pour réparer un robinet qui coule ou pour changer un pneu, etc. Il faudrait revoir tout ça et rendre le sujet intéressant pour les garçons autant que pour les filles.

Q : Vous dites en introduction : « Des centaines d’autres sujets auraient pu être abordés, mais je me suis limitée au truc de mon quotidien. » Est-ce que ça signifie que d’autres sujets seront abordés dans d’autres publications?

R : J’ai déjà listé d’autres trucs que j’applique, et qui n’ont pas été abordés dans le livre. Certains sujets ont été retirés, et beaucoup d’autres existent. Un tome 2? S’il y a une demande, pourquoi pas? Mais pas à court terme.

J’invite les lecteurs à aimer ma page Facebook (Christine S. Noranda, auteure) pour me donner leurs impressions du livre et me soumettre des commentaires et suggestions.