Samedi, 23 novembre 2024

Zone tampon: la ministre Laforest refuse de prolonger les consultations citoyennes

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Joanie Duval
Joanie Duval
Journaliste
La zone tampon autour de la Fonderie Horne a pour résultat la relocalisation prochaine de 200 foyers. Photo: Joanie Duval
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Les regroupements de propriétaires et de locataires de la zone tampon à Rouyn-Noranda s’indignent devant le refus d’Andrée Laforest, ministre des Affaires municipales, de prolonger les consultations concernant le programme d’aide financière, rédigé par son ministère, qui est destiné à les accompagner dans leur relocalisation. 

Les deux tables de consultation, locataire et propriétaire, ont débuté le 23 mars dernier, avec un échéancier de cinq rencontres sur cinq semaines. Les citoyens concernés ont vite réalisé que plus de travail serait nécessaire pour établir un plan satisfaisant.

« Ça a pris beaucoup de temps et d’énergie pour s’entendre avec le MAMH sur un processus de consultation qui convient à tout le monde. Maintenant que ça fonctionne et que les parties prenantes collaborent, ce serait la moindre des choses de se donner le temps nécessaire pour effectuer le travail convenablement », a expliqué Marie-Ève Duclos, porte-parole du regroupement des propriétaires, qui avait décidé unanimement de reporter l’échéancier.

Même son de cloche à la table des locataires visés par la zone tampon.

Les porte-paroles des deux regroupements rappellent également « que les locataires et les propriétaires désignés aux tables de travail, sont des citoyen-nes bénévoles ne possédant pas toutes les expertises essentielles pour s’assurer que leurs droits soient respectés, contrairement au ministère des Affaires municipales qui est doté d’une équipe de professionnels dédiée. Les locataires et les propriétaires se sentent laissés à eux-mêmes, sans aucun soutien dans ce processus. »

« C’est de leur vie et de leur avenir qu’il est question. Il y a beaucoup de choses à prévoir et les citoyen-nes ne sont pas des experts en droit, en fiscalité ou en évaluation. Ils doivent avoir accès aux expertises professionnelles nécessaires pour bien analyser ce qui est proposé », a souligné Marc-André Larose, de l’Association des locataires de l’Abitibi-Témiscamingue. 

Les propriétaires et les locataires impactés par la zone tampon « exhortent la Ministre Laforest à ne pas brûler les étapes et à donner à la communauté rouynorandienne les conditions requises pour que la relocalisation se passe bien. »

« On a une communauté qui se met en action, qui collabore et qui chemine vers des solutions, nous nous attendons à ce que le gouvernement en fasse tout autant ! Plusieurs d’entre nous font des sacrifices personnels et familiaux difficiles en ce moment, nous avons besoin de la collaboration de la Ministre pour avancer », a affirmé Marie-Ève Duclos, tout en rappelant que les demandes citoyennes sont les mêmes depuis le début : que personne n’ait à débourser de sa poche pour être relocalisée et que les personnes concernées soient partie prenante des processus de décision qui les concernent.

La Ville de Rouyn-Noranda a donné son appui aux regroupements citoyens dans leur demande à la Ministre. D’ailleurs, dans une lettre envoyée le 27 mai dernier, Diane Dallaire, mairesse de Rouyn-Noranda, a exhorté Madame Laforest a considéré une prolongation des consultations pour « laisser le temps aux tables de réviser l’ensemble des propositions » et « faire appel à des services professionnels indépendants afin d’être appuyés par une expertise externe ».

« La relocalisation touche pas moins de 200 foyers. Cette portion majeure de notre quartier historique constitué des premières maisons de Noranda est appelée à disparaître. L’ensemble de notre communauté s’en trouve secouée. L’incertitude et l’inquiétude persistent au sein des citoyens à relocaliser; certains hésitent à quitter leur maison, leur milieu de vie également. Le programme d’aide financière est la pièce maîtresse du processus de relocalisation et sera déterminant pour plusieurs. Nous vous demandons de prendre le temps et les mesures nécessaires, tel que demandé, pour offrir un programme qui répondra aux besoins exprimés par la communauté », a conclu la mairesse tout en invitant la Ministre à venir rencontrer les citoyens sur place.

Rappelons qu’en mars 2023, Québec annonçait le renouvellement de l’autorisation ministérielle accordée à la Fonderie Horne de Glencore, avec pour résultat la création d’une zone tampon à proximité de l’usine pour éloigner les résidences des émissions toxiques.