Jeudi, 21 novembre 2024

Les coupures en francisation inquiètent

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Joanie Duval
Joanie Duval
Journaliste
Bernard Drainville, ministre de l'Éducation, lors d'une récente visite au Centre de formation professionnelle de Val-d'Or. Photo: CSS de l'Or-et-des-Bois
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Alors qu’on observe des réductions de service en francisation un peu partout au Québec, en Abitibi-Témiscamingue c’est la fermeture complète de classes aux centres de services scolaire de l’Or-et-des-Bois (CSSOB) et de Rouyn-Noranda (CSSRN) qui préoccupe.

Ces coupures affectent plus de 300 élèves en francisation et une vingtaine d’emplois d'enseignants et personnel de soutien.

D’abord, les établissements d’éducation pour adultes du CSSOB de Val-d’Or, Malartic et Senneterre ont annoncé la fin des services de francisation pour la totalité des élèves inscrits, un total de neuf groupes. Une rupture de service qui affecte également 15 emplois.

Puis le même scénario s’est reproduit la semaine suivante à la CSSRN, alors que le Centre Élisabeth-Bruyère met fin aussi à ses classes de francisation qui desservaient plus d’une centaine d’élèves.

Le Syndicat de l’enseignement de la Jamésie et de l’Abitibi-Témiscamingue déplore la décision du ministère québécois de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration (MIFI) « de rapatrier dans son giron cette compétence au détriment du ministère de l’Éducation du Québec (MEQ) », alors que « le MIFI ne dispense aucun service de cet ordre en région ni aucun organisme communautaire, d’ailleurs ».

« Cette décision du gouvernement caquiste laisse un trou béant dans l’accueil des immigrants ne maîtrisant pas le français. (…) Nous sommes tous préoccupés par les conséquences qu’entraînera cette modification qui ne tient absolument pas compte des réalités et des besoins régionaux », a déclaré Simon Roy, directeur syndical pour le territoire du CSSOB.

« Dans le contexte où il est primordial de valoriser la profession enseignante afin de contrer la pénurie criante que l’on connaît, la prise de cette décision par le gouvernement à peine quelques semaines après la rentrée scolaire est injustifiable. Quand on ajoute à cela qu’aucune alternative n’a été mise en place au préalable, il devient difficile de ne pas la qualifier de carrément insensée. Ce sont les enseignantes et les enseignants qui détiennent l’expertise en francisation, on ne peut se permettre de les écarter de la sorte », a ajouté Cindy Lefebvre, présidente du SEJAT.

La communauté d’affaires s’inquiète

Les chambres de commerce de Val-d’Or (CCVD) et de Rouyn-Noranda (CCIRN) ont toutes deux dénoncé rapidement les récentes coupures qui selon elles pourraient exercer une pression encore plus grande sur les entreprises de la région.

« En plus de nuire à notre attractivité, ce bris de services va affecter directement la croissance, la productivité et la compétitivité de nos entreprises. Nous clamons que nous sommes une région d’opportunités, nous travaillons avec ardeur à attirer des travailleuses et travailleurs, mais aussi des familles ici, il nous parait essentiel de pouvoir à tout le moins leur offrir des services pour répondre à nos propres obligations en francisation. Par des décisions comme celle-ci, nous nous questionnons sur l’importance accordée par le gouvernement du Québec au développement régional et à la vitalité de l’Abitibi-Témiscamingue », a affirmé Valérie Gourde, présidente de la CCVD.

Même son de cloche du côté de la CCIRN qui presse le gouvernement de revenir sur sa décision.

« En tant que région dépendante de l’immigration pour combler nos besoins en main-d'oeuvre, cette décision est un coup dur non seulement pour l’avenir du français au Québec, mais également pour la vitalité économique de nos entreprises locales », a déclaré David Lecours, président d’office de la CCIRN. « Nous partageons l’indignation de nos collègues de la Chambre de commerce de Val-d'Or. Il est incompréhensible que le gouvernement ignore les enjeux critiques d’intégration et les besoins réels de nos entrepreneurs, en particulier dans un contexte de pénurie de main-d'oeuvre. »