Une pétition a été déposée à l’Assemblée nationale du Québec dans le but qu’un renforcement de la sécurité en transport scolaire soit adopté, suite au décès du jeune Nathan Macameau qui a été percuté par une voiture à sa sortie de l’autobus scolaire le 27 août dernier.

C’est la tante de Nathan, Rose-Marie Paradis, qui a initié le projet Nathan en collaboration avec le mouvement « Pas une mort de plus », qui milite pour la sécurité en zone scolaire. Le projet Nathan est né de cette collaboration, soutenu par la famille du garçon.

« Je voulais m’embarquer là-dedans, ça m’aide, puis j’avais aussi besoin de passer à l’action, de faire quelque chose », a expliqué Rose-Marie sur ses motivations. 

Parmi les mesures demandées dans la pétition, on retrouve l’installation de caméras dans les autobus pour que des amendes soient remises automatiquement aux conducteurs filmés en infraction, associées à des peines plus élevées.

« Les gens ralentissent sur les autoroutes parce qu’ils savent qu’il y a des caméras, donc j’ose penser que ça ferait la même chose si on met des caméras sur les autobus. Il y a des questions de vies privés, c’est un peu l’excuse que le ministère a donnée à « Pas une mort de plus », mais on va faire du bruit pour que ça se produise. On le fait justement avec la vitesse sur les autoroutes donc je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas l’avoir sur les autobus. Je suis convaincue que ça s’autofinancerait juste avec le prix des contraventions. Je pense aussi que les contraventions devraient être proportionnelles au salaire, parce qu’il y a des gens qui s’en foutent de ces tickets-là », a soutenu la tante de Nathan. 

« Les gens ne sont souvent vraiment pas sécuritaires, donc il faut qu’on protège les enfants avec d’autres normes, puis des fois c’est attaquer le portefeuille qui devient la seule option. Les contraventions devraient être plus élevées et les points de démérite aussi », a-t-elle ajouté. 

Rose-Marie a confié que Nathan aurait pu rester dans l’autobus pour descendre un peu plus tard sur le bon côté de la route, mais l’adolescent a pu décider de descendre plus tôt pour sauver 20 minutes de trajet. L’embarquement et le débarquement sans traverser la route est d’ailleurs une des mesures demandées dans la pétition.

« L’enfant peut décider par lui-même de descendre de l’autobus et je ne pense pas qu’à 13 ans ils ont le potentiel de comprendre les dangers de la route malheureusement. Déjà ils n’ont pas conduit donc ils n’ont aucune idée à quel point ça peut être dangereux. Si on ne peut pas les mettre du même côté de la route, peut-être qu’il pourrait y avoir un brigadier qui les aide à traverser. Oui des fois il y a des routes où on ne fait pas un aller-retour mais un grand cercle. Je connais les enjeux de la région pour ça, c’est grand le territoire », a souligné Rose-Marie.

Elle croit également que l’installation sur les autobus de bras extensibles qui bloquent la voie inverse serait un moyen plus dissuasif que le simple panneau stop et les clignotants d’arrêts. « Il y en a qui ne prendraient pas de chance parce qu’ils ne voudraient pas briser leur peinture. C’est plus important pour certains », a-t-elle affirmé.

« Les gens me disaient qu’il (le conducteur) s’est pas levé le matin en voulant tuer un enfant. Non mais toutes les actions négligentes qu’on prend en chemin, on en a la responsabilité. C’est pas parce que tu roules 140 km/h que tu espères tuer quelqu’un en chemin, mais si tu tues quelqu’un t’es responsable. Faut pas juste qu’on pense aux gestes qui sont volontaires, faut aussi qu’on pense à nos négligences sur la route et les conséquences. La voiture c’est une arme qu’on a entre les mains. Ça fait tellement partie de notre quotidien, qu’on se rend plus compte des dommages que ça peut faire », a également confié Rose-Marie.

Extrait de la pétition

Nous, signataires, demandons au gouvernement du Québec de réévaluer les mesures en sécurité routière concernant le transport scolaire pour les piétons et les écoliers en autobus, comme :

• le débarquement en tout temps du bon côté de la route lorsque la limite de vitesse est de plus de  50km/h, ou la présence de brigadiers pour assister les embarquements et débarquements; 
• l'installation de caméras dans les autobus pour donner des amendes en cas de passage lors de la signalisation d'arrêt et l'augmentation des peines pour dissuader les conducteurs;
• un meilleur aménagement des routes pour augmenter le respect des limites de vitesse et une responsabilisation de leurs gestionnaires concernant la sécurité de leurs routes; et 
• l'ajout de bras extensibles pour couvrir la voie en sens inverse.

La pétition est disponible en ligne ici : Réévaluation des mesures en sécurité routière concernant le transport scolaire pour les piétons et les écoliers en autobus.

En mémoire de Nathan

Ceux qui ont côtoyé Nathan Macameau se souviennent de lui comme d’un garçon curieux, ouvert et généreux. 

« Nathan a donné trois organes et deux valves du cœur. Ce qui est vraiment beau là-dedans c’est que c’est lui qui avait signé sa carte de don d’organes et il voulait vraiment être sûr d’aider les autres s’il lui arrivait quelque chose. C’était vraiment important pour lui », a témoigné sa tante Rose-Marie.

Nathan aimait beaucoup le Labyrinthe des insectes à Amos et son propriétaire Tommy St-Laurent, un ami de sa tante. C’est pourquoi une levée de fonds a été organisée par le Labyrinthe en septembre pour soutenir la famille du garçon. Un montant de 1000 $ a été amassé cette journée-là 

« On a vraiment eu une belle participation de la communauté. On manquait quasiment de stationnement. Nathan ça le passionnait le Labyrinthe. Une fin de semaine où j’ai gardé Nathan et son petit frère, ils sont venus avec Tommy et moi pour un contrat du Labyrinthe des insectes. Nathan a passé la journée avec les serpents. Lui et son frère les ont eus dans le cou tout le long. Nathan écoutait tout ce que Tommy disait et quand une personne posait le même genre de questions, il répétait les réponses de Tommy presque mot pour mot. C’était un enfant tellement curieux, tellement ouvert, surtout pour ce qui touche les animaux », a raconté Rose-Marie.

Le Ruban Nathan

Le Groupe Autobus Maheux a lancé l’initiative du Ruban Nathan au début du mois d’octobre, un ruban jaune et noir, couleurs distinctives des autobus scolaires.

« Les couleurs de ce ruban visent à communiquer un message simple et instantanément reconnaissable. 

En présence d’un autobus scolaire, il faut appliquer ces trois règles:

 • Ralentir et se préparer à arrêter lorsque les feux intermittents jaunes sont activés.

 • Demeurer vigilant car il y a des enfants à proximité.

 • S'arrêter complétement à au moins 5 mètres de l’autobus dès que les feux intermittents rouges sont activés », a signifié Autobus Maheux dans une publication sur sa page Facebook.

L’initiative a été soulignée à l’Assemblée nationale du Québec par le député d’Abitibi-Est, Pierre Dufour et à la Chambre des communes du Canada par Sébastien Lemire, député d’Abitibi-Témiscamingue.

Le Ruban Nathan est disponible aux terminus Maheux de Val-d’Or et de Rouyn-Noranda, de même qu’à l’agence d’Amos (Motel Rêve d’Or).