(Avec la collaboration d'Anthony Paquette, journaliste)
Comme plus de 50 000 travailleurs de Postes Canada à travers le pays, les employés de l’entreprise dans la région sont tombés en grève dans la nuit de jeudi à vendredi, résultat de l’échec des négociations pour le renouvellement de leur contrat de travail.
« On est des humains. On est comme tout le monde, il faut vivre pas juste survivre. Puis on aime faire notre travail! », ont scandé les grévistes devant les bureaux de Postes Canada à Amos ce matin du vendredi 15 novembre.
Parmi leurs revendications, les membres du Syndicat des travailleurs et des travailleuses des postes (STTP) demandent notamment de meilleures conditions de travail, un meilleur salaire, l’élimination de la sous-traitance, une meilleure gestion des itinéraires des facteurs, ainsi que plus de conciliation travail-vie personnelle.
Selon des informations obtenues par Radio-Canada, Postes Canada affirme avoir perdu 3 milliards de dollars depuis 2018. L’entreprise assure que, malgré ce déficit, l’offre qu’elle propose de 11,5 % d’augmentation salariale en quatre ans est concurrentielle.
« Depuis 1981, elle a le mandat d’être rentable. Puis il y a aucune taxe et impôt qui sort des poches des contribuables, mais ça fait longtemps qu’ils font des déficits puis nous on plaide beaucoup qu’il y a une mal gérance. C’est sûr que la poste-lettre diminue, il y a de la compétitivité au niveau des colis, mais on a des employés qui sont efficaces et on est capable livrer la marchandise », a affirmé Nathalie Gendron, déléguée syndicale du STTP à Amos.
Des conditions difficiles
Les employés syndiqués de Postes Canada déplorent le peu de reconnaissance de leur employeur qui se tourne vers la sous-traitance tout en alourdissant leurs tâches. Les journées de travail s’allongent, le temps de repos diminuent, les demandes de congés sont refusées et les factrices et facteurs doivent se déplacer dans des conditions météos de plus en plus extrêmes.
« Ce n’est plus un travail qui est recherché pour les conditions ni même pour les salaires. La tâche est difficile et on a de la misère à recruter. Actuellement c’est quasiment plus payant travailler au McDo que de travailler pour la poste », a déploré Nathalie Gendron.
Raymond Sheehy, facteur urbain à Amos, a expliqué que sa journée de travail se termine jusqu’à deux heures plus tard que les huit heures payées, parce que la tâche de préparer les 2700 circulaires à distribuer le lendemain n’est pas prise en compte. Ces circulaires représentent également un poids de 30 livres supplémentaires sur ses épaules à traîner sur, pour plusieurs d’entre eux, une trentaine de kilomètres par jour.
« On nous suggère d’amener des colis de 50 lbs, qui sont parfois surdimensionnés. Tu peux avoir des pneus de camion par exemple, tu dois embarquer ça dans ton véhicule. On est rendu avec beaucoup de circulaires aussi. Donc la journée rallonge, c’est encore plus difficile. Elle est où l’avantage pour quelqu’un d’appliquer sur un travail comme ça », a renchérit Nathalie Jeanson, factrice rurale dans le secteur d’Amos.
Lock-out ou pas
À l’approche du temps des fêtes, la situation est particulièrement tendue. La partie patronale semble être sur un pied de guerre depuis le préavis de grève du STTP donné mardi dernier. Postes Canada a rapidement répliqué avec un préavis de lock-out. Puis quelques heures après le dépôt de la grève, l’entreprise a imposé un lock-out.
« Depuis minuit une on a déposé l’avis de grève générale et à 8h01, l’employeur lui a mis son lock-out. Ça brime toute la liberté d’expression qu’on a, juste pour manifester que depuis 20 ans nos conditions de travail baissent parce qu’on a toujours eu des lois spéciales », a indiqué Nathalie Gendron.
Postes Canada semble de son côté n’avoir pas officialisé de lock-out, mais le STTP affirme qu’il a bel et bien été déposé.
Pour toute la durée de cette grève, les services de Postes Canada seront suspendus. Des dispositions ont toutefois été prises pour que les chèques provenant du gouvernement soient acheminés.