Vendredi, 17 janvier 2025

Deux ans moins un jour pour abus répétés sur des adolescents

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Équipe MédiAT
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Jean-François Leduc à la sortie du palais de justice. Photo: Érik Paquette
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Jean-François Leduc, coupable d’agressions sexuelles sur deux victimes mineures, a reçu vendredi dernier, au palais de justice d’Amos, une sentence d’emprisonnement de deux ans moins un jour. La juge qui a rendu cette décision l’a elle-même qualifiée de clémente.

Pour éviter l’arrêt des procédures judiciaires, un plaidoyer de culpabilité a été négocié en échange d’une peine réduite, considérant la gravité des faits reprochés au Valdorien de 44 ans. 

Leduc a en effet plaidé coupable d’abus sexuels sur deux adolescents, survenus entre 2010 et 2017 à Matagami.

L’une des victimes a subi des abus répétés de l’âge de 12 ans à 18 ans, comprenant des rapports sexuels complets. L’adolescent s’est retrouvé sous la garde de son agresseur pendant deux années également. Il a trouvé le courage de dénoncer Leduc en 2019, mais a malheureusement mis fin à ses jours l’année suivante.

La mère de cette victime a d’ailleurs témoigné devant la juge Marie-Chantal Brassard de l’éprouvant chemin « à travers toutes les procédures judiciaires, à toujours avoir peur que l’agresseur s’en sorte ».

Leduc a pour sa part gardé le silence tout au long de la séance.

Suggestion commune

La peine de deux ans moins un jour étant une suggestion commune de la poursuite et de la défense, ainsi que la possibilité qu’il y ait violation de droits de l’accusé, ont forcé la juge à s’y ranger.

« Lorsqu’il y a des suggestions communes, le test que je dois appliquer, ce n’est pas ce que j’aurais imposé, mais bien de savoir si la peine suggérée est de nature à déconsidérer l’administration de la justice ou si elle est contraire à l’intérêt public. Si ces deux questions se répondent par la négative, je me dois de suivre la recommandation », a-t-elle expliqué.

Elle a cependant rappelé à Jean-François Leduc que si elle avait pu imposer une peine, « ça aurait été une peine de plusieurs années de pénitenciers », en raison de la vulnérabilité des victimes, la position d’autorité qu’il occupait et les abus répétés qu’il a commis sur une longue période.

Elle a aussi martelé le point qu’une agression sexuelle n’est pas une perte de contrôle mais bien une prise de contrôle.

En plus du temps en détention, Jean-François Leduc servira trois ans de probation surveillée et il devra éviter d’être en contact avec des personnes de 16 ans et moins, les familles de ses victimes et bien sûr la victime survivante. Il figurera également à perpétuité au Registre national des délinquants sexuels, un point non négociable du côté de la juge. Il faut savoir que l’inscription au registre n’est pas requise normalement pour les délinquants sexuels qui reçoivent des peines de moins de deux ans.

Perte de confiance

Au CALACS-Abitibi (Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel), on pense que la sentence rendue à Leduc démontre que le système de justice est défaillant et que ce genre de décision vient éroder la confiance du public.

« Malheureusement une sentence de deux ans moins un jour, pour la gravité des crimes qui ont été commis sur deux victimes et sur une très longue période, ce n’est assurément pas adéquat. Ce n’est pas ça qui va aider les victimes à se rétablir et à obtenir réparation. Je pense qu’il est grand temps qu’on se penche sur ce phénomène. Des arrêts Jordan, il y en a beaucoup, mais des négociations de plaidoyer de culpabilité aussi. Parce qu’on a peur des arrêts Jordan, c’est toujours à l’avantage des agresseurs et non des victimes. Ça donne des situations comme ça et ça fait perdre la confiance du public dans le système de justice alors qu’on est dans une ère où on tente très fort de la rebâtir », a déploré Josée Bélisle, coordonnatrice administrative au CALACS-Abitibi, qui était présente pour entendre la décision de la juge.

Leduc escorté après avoir entendu sa sentence. Photo: Josée Bélisle