Vendredi, 17 janvier 2025

Un accident de travail mortel causé par « une méthode de travail improvisée »

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Joanie Duval
Joanie Duval
Journaliste
Photo: CNESST
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La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) a rendu publique son rapport d’enquête concernant l’accident de travail mortel du 29 mai dernier à La Corne, invoquant « une méthode de travail improvisée et non conforme » comme cause.

La victime de 52 ans, Robert Ménard, propriétaire de l’entreprise Opération Forestière R. Ménard inc., supervisait ce jour-là la réinstallation de la cabine d’une abatteuse à tête multifonctionnelle. L’opération avait lieu dans l’atelier mécanique de l’entreprise Soudure G. Métal.

Deux travailleurs de l’entreprise forestière participaient aux manœuvres, de même qu’un travailleur de Soudure G. Métal qui était aux commandes du pont roulant pour le levage de la cabine, donc quatre personnes au total avec monsieur Ménard.

« Lors de la manoeuvre, le boulon soutenant la cabine s’est rompu. La cabine a chuté, basculé et percuté la victime, qui s’est retrouvée coincée contre un pneu de l’abatteuse. Elle a été transportée au centre hospitalier d’Amos, où son décès a été constaté », peut-on lire dans le rapport.

L’enquête a permis de déterminer que c’est « une mauvaise méthode de levage qui a entraîné la rupture du boulon servant au levage de la cabine lors des manipulations de cette dernière », ainsi qu’une méthode de travail improvisée. 

Les manœuvres utilisées pour remettre la cabine en place aurait dû être faites selon les recommandations du fabricant chez un détaillant autorisé par celui-ci.

En effet, la hauteur de l’atelier de Soudure G. Métal ne permet pas un levage complètement vertical ce qui a mené à des méthodes non conformes comme incliner l’assise de la cabine. La soudure du boulon vissé dans le toit de la cabine n’a pas résisté à l’angle d’inclinaison et s’est malheureusement brisée.

Une expertise sur le boulon de levage par le Centre de métallurgie du Québec a servi à identifier cette cause.

« À la suite de l’accident, la CNESST a interdit à Opération Forestière R. Ménard inc. que l’abatteuse multifonctionnelle soit réparée ailleurs que chez un détaillant autorisé par le manufacturier, comme prescrit dans le manuel du fabricant », spécifie le rapport.

Pour éviter le pire

L’enquête de la CNESST a permis de déterminer que les deux entreprises impliquées dans l’accident du 29 mai dernier ne possèdent « aucune structure établie en ce qui a trait à la santé et la sécurité du travail ».

« Par la loi, l’employeur est aussi dans l’obligation de s’assurer que les méthodes et les techniques utilisées pour accomplir les tâches sont sécuritaires. Il est important que la méthode de travail respecte le manuel du fabricant de la machine ou, à défaut, une analyse de risque produite selon une méthode reconnue », conclut le rapport.

Les solutions prescrites avec cette conclusion sont de procéder à l’identification des risques, d’élaborer et appliquer une méthode de travail sécuritaire conformément aux recommandations du fabricant et d’informer adéquatement les travailleuses et travailleurs sur les risques liés à leur travail et leur assurer la formation, l’entraînement et la supervision appropriés.