Vendredi, 17 janvier 2025

Une mosquée à La Sarre pour une communauté musulmane grandissante

Publié:
Joanie Duval
Joanie Duval
Journaliste
Photo: Ville de La Sarre
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L’Association culturelle des musulmans de La Sarre (ACMLS) a inauguré sa mosquée le 6 décembre dernier lors d’une cérémonie dans le lieu de prières ouvert depuis la fin de l’été sur la rue Principale. 

Ce projet initié par la Mobilisation de La Grande Séduction d'Abitibi-Ouest, une initiative locale et régionale qui a pour mission de contribuer au recrutement de personnel dans les secteurs de la santé et des services sociaux, était devenu nécessaire pour bien desservir et favoriser l’intégration de la communauté musulmane grandissante qui compte environ 70 membres.

« Au mois de mars dernier, on a réalisé que cette infrastructure était manquante et que ça avait occasionné un départ d’une professionnelle de la santé vers un autre milieu. Et là, on s’est réuni à la fin du mois de mars et on s’est dit une chose : c’est la dernière perte d’un professionnel de la santé qu’on a pour cette raison. Le 15 août, le local était ouvert pour la prière », a expliqué Sylvain Trudel, président de La Grande Séduction.

« À la Grande Séduction, notre ADN, notre marque de commerce, c’est de faire arriver des choses qui ne seraient pas arrivées autrement. On l’a fait en trouvant des logements pour 50 familles quand il y a une crise du logement, on l’a fait en ouvrant 100 places en services de garde au lendemain de la pandémie. On l’a fait avec la mosquée également », a-t-il ajouté. 

Un symbole d’ouverture et d’inclusion

Devant une salle comble, les discours tenus lors de cette inauguration portaient sur un thème commun : l’importance de l’ouverture et de l’inclusion.

« Nous sommes réunis pour célébrer ensemble une valeur universelle, une richesse inestimable de l’humanité, celle de vivre ensemble. Lorsque nous reconnaissons l’autre comme une richesse et que nous respectons les différences, nous créons un monde meilleur. Cette valeur concerne les barrières culturelles, religieuses, sociales et elle est le fondement même de la paix et de l’amour dans notre société », a déclaré d’emblée le Dr Abdelghani Elfakir, porte-parole de l’ACMLS.

« En entrant dans cette ville (La Sarre), j’ai eu une pensée sincère pour les générations qui l’ont façonné, pour les mains qui ont construit ces rues, ces maisons et ces lieux publics. Nous leur devons respect et reconnaissance. Et aujourd’hui ensemble, nous continuons ce travail en ajoutant une nouvelle pierre à cet édifice commun, cette mosquée, ce lieu de paix et d’union », a-t-il affirmé.

Dr Abdelghani Elfakir, porte-parole de l’ACMLS. Photo: Ville de La Sarre

Sylvain Trudel a pour sa part qualifié l’Abitibi-Ouest de terreau favorable à l’intégration facile des nouveaux arrivants.

« L’Abitibi-Ouest n’a pas inventé le concept de la Grande Séduction, le film est passé bien avant, mais on est la première communauté à l’avoir appliqué dans la vraie vie. Pour pouvoir réussir à appliquer un concept comme ça, si communautaire et si ouvert envers les autres, ça prenait un tissu social et collectif particulier, une belle grosseur de ville ni trop petite ni trop grosse, pour que les gens se sentent impliqués dans ce projet », a-t-il témoigné.

« Prendre soin de sa famille, prendre soin de ses amis, c’est important dans la vie et il faut être conscient que c’est la base. Même les animaux font ça très bien. Aller au-devant de l’autre, avoir de l’ouverture vers l’autre, ça demande un degré d’humanité qui est très différent. C’est une coche de plus en bon québécois, puis cette coche n’est pas facilement accessible partout mais en Abitibi-Ouest, depuis qu’on s’est lancé dans l’aventure de la Grande Séduction, on le sent. Je vais vous donner un exemple, encore hier, on avait besoin d’aide pour déménager un frigidaire pour une famille. Dès qu’on a mis la demande dans le groupe Facebook de bénévoles, tout de suite ça réagit : Moi je peux y aller. C’est comme ça l’Abitibi-Ouest. Dans beaucoup de pays du monde actuellement, l’immigration ça divise. Chez nous, ça nous a uni », a également dépeint Sylvain Trudel. 

Sylvain Trudel, président de La Grande Séduction en Abitibi-Ouest. Photo: Ville de La Sarre

Il a conclu son discours avec émotion en rappelant que l’histoire ne fait que se répéter.

« La troisième famille qui est arrivée à La Sarre, c’était mon grand-père Trudel. Sa maison est à 100 pieds d’ici. Mon grand-père est arrivé exactement 100 ans avant que vous vous arriviez. C’est pas 1 000 ans ni 10 000 ans. Il y a 100 ans qui sépare les premières familles de vous. Ça c’était une première vague d’immigration, puis c’est votre tour aujourd’hui. »

Un goûter aux saveurs maghrébines a été servi aux invités lors de l'inauguration de la mosquée. Photo: Ville de La Sarre
La mosquée de La Sarre possède une salle d’ablutions, une caractéristique qu’on ne retrouve pas dans les lieux de culte de Val-d’Or et Rouyn-Noranda. L'ablution est un rituel de purification qui consiste à se laver les mains, les pieds et la tête avant la prière. Photo: Joanie Duval