

Première femme élue à la tête de Val-d’Or, Céline Brindamour annonçait le 20 février dernier qu’elle quitterait la politique au terme de son mandat. En entrevue avec MediAT, la mairesse analyse son parcours avec un pas de recul.
Quels ont été vos plus beaux moments comme mairesse?
Ce qu’on a accompli avec les membres du conseil. Au cours des trois dernières années, on a eu souvent le vent dans la face. La pandémie venait de se terminer. L’itinérance est devenue un gros problème. Ça prenait une proportion inquiétante. On a interpellé publiquement les ministres Carmant et Bonardel pour crier notre désarroi. C’est une fierté de ne pas avoir mis des œillères.
La ville a aussi été confrontée aux polluants éternels en janvier 2023.
Notre puits d’appoint s’approchait des recommandations, sans les dépasser. On a fermé le puits tout de suite. Ça a pris beaucoup de courage des élus pour en parler à la population avec un discours rationnel, sans rien cacher. Notre puits principal fonctionne très bien, mais on continue à travailler pour trouver d’autres sources d’eau potable.
Comment avez-vous composé avec les insultes sur les réseaux sociaux envers la classe politique?
Durant ma campagne, un journaliste m’avait demandé comment ça affectait mon travail de conseillère et si je craignais d’être ciblée si je devenais mairesse. Dans ma grande naïveté, j’avais répondu que non, que j’étais près des gens et que je ne m’attendais pas à vivre ce genre de problème. Pourtant, dès que j’ai été élue mairesse, je suis devenue la responsable de tous les problèmes de la ville.
La gestion de l’itinérance a suscité beaucoup de réactions fortes.
Les gens ne semblaient pas tous au courant de la problématique partout en province, comme si seulement Val-d’Or y était confrontée. Ils ne se sont pas gênés pour me juger. C’était souvent des publications anonymes, comme sur Spotted Val-d’Or. Un jour, j’ai décidé d’arrêter de regarder cette page, car ça m’aurait trop touchée. J’étais presque contente d’avoir une seule de mes enfants en ville et que les autres ne voyaient pas ça, car c’était difficile d’entendre les critiques. Avec le temps, j’ai compris que ces gens ne donnaient pas nécessairement leur opinion, mais leurs sentiments du jour.
Pourquoi êtes vous entrée en politique il y a 28 ans?
Mon père était conseiller de Sullivan de 1978 à 1997. Très jeune, je faisais du porte à porte avec lui pour les renouvellement de ses mandats, même s’il était souvent élu par acclamation. Quand il est tombé malade, son poste est devenu vacant. Sans lui dire, j’ai déposé ma candidature. Je connaissais les dossiers. J’étais connue dans le village et on m’a élue par acclamation. Après les fusions municipales, je me suis présentée pour représenter Sullivan à la table du conseils. J’ai gagné l’élection contre l’ancien maire de Sullivan. Et j’ai continué ensuite dans le grand Val-d’Or.
Avez-vous eu des mentors?
J’ai eu la chance d’avoir autour de moi des femmes comme Yolette Lévy et Suzanne Couture-Bordeleau qui m’ont donné de bons conseils. Elles m’ont pris sous leurs ailes. À mes débuts, je voulais défendre mon village et je suis arrivée pas mal raide. Elles m’ont aidée à trouver ma place.
Qu’avez-vous ressenti en annonçant la fin de votre vie politique?
J’avais pris ma décision durant le temps des Fêtes, après en avoir parlé avec mon conjoint, mes enfants et mes collègues, mais l’annonce m’a donné un grand coup. La politique m’a passionnée pendant 28 ans. La responsabilité de mairesse, je l’ai prise de front. Mais bientôt, ma vie va changer et je serai complètement à la retraite. Le soir de l’annonce, j’étais à l’aise avec ma décision, mais je suis rentrée chez nous et ça m’a fait quelque chose.
Pourquoi avoir choisi de ne pas vous représenter comme mairesse?
Même si on a été beaucoup bousculé durant mon mandat avec toutes sortes de dossiers, je pense que j’avais un préjugé favorable si j’avais retenté ma chance. Par contre, je voyais qu’on avait de la relève au sein du conseil et que d’autres personnes en ville pourraient être intéressées par le poste. Il y a bien des gens qui peuvent amener la ville ailleurs. À 69 ans, c’était le temps de laisser ma place. J’ai fait exprès de parler de mon âge. Je ne pense pas que le monde savait que j’avais cet âge. C’est presque l’unique raison. C’était le bon moment pour partir.
Qu’allez-vous faire à la retraite?
Très franchement, j’en ai aucune idée! Je ne me suis même pas arrêtée pour y penser. J’ai des petits-enfants à Toronto et mon garçon à Montréal. Je vais aller les voir plus souvent. Après tant d’années à m’investir autant dans la communauté, la retraite me fait un peu peur.