Samedi, 22 février 2025

Ressources en santé mentale: Le cri du cœur d'une Amossoise

Publié:
Joanie Duval
Joanie Duval
Journaliste
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Krystelle Maude Doyon a lancé un cri du cœur dans un message sur son profil Facebook, interpellant le premier ministre du Québec, François Legault, sur le manque de ressources en santé mentale dans la province, et particulièrement en région.

Préposée aux bénéficiaires, en voie de terminer sa formation d’infirmière auxiliaire, cette Amossoise dans la vingtaine vit avec des troubles de santé mentale qui ont nécessité plusieurs hospitalisations en psychiatrie.

Krystelle Maude Doyon, 29 ans, aimerait voir les ressources de thérapie en santé mentale devenir plus facile d'accès. Photo: Gracieuseté

À l’hopital, on lui a dit qu’il faudrait un séjour dans un centre de thérapie à Montréal pour vraiment l’aider.

« Ils ont fait des démarches pour finalement me dire qu’au public il n’y avait plus de place et qu’ils ne pouvaient plus rien faire pour moi. J’ai un suivi à l’externe avec une psychologue une à deux fois semaine. Oui ça l’aide à travailler sur certaines choses mais une thérapie intensive sur quelques semaines c’est sûr que ça l’aide plus », a témoigné la jeune femme.

Krystelle a dû entreprendre les démarches elle-même pour trouver un endroit où elle pourrait entreprendre une thérapie intensive; une tâche ardue. 

« Ici seulement pour santé mentale on n’a pas ça. On a des endroits qui aident les gens itinérants, pour ceux qui veulent aller en désintox, mais pas seulement pour les problèmes de santé mentale. Il y a les psychiatries des hôpitaux et Malartic, mais eux c’est vraiment plus en situation de crise. Ils gèrent la crise sur le moment puis ils continuent à l’externe. J’ai téléphoné à plusieurs endroits parce que j’étais intéressée par leur thérapie et une des premières questions demandées la plupart du temps c’est si j’ai une dépendance. Quand je disais non, on me répondait que oui ils travaillent avec les problèmes de santé mentale mais surtout la toxicomanie, donc il ne pouvait pas m’accepter », a-t-elle raconté.

Les ressources pour les problèmes de toxicomanie étant beaucoup plus nombreuses, Krystelle pense que ça peut accentuer les troubles de santé mentale et inciter à tomber dans la dépendance, sans parler du manque d’affichage des centres dédiés à la santé mentale. Elle a dû appeler à de nombreux endroits et faire de nombreuses recherches sur le web avant de trouver seulement deux endroits pouvant l’accueillir.

Le centre L’Amarrage à Québec, qui offre un séjour d’une durée de trois mois, ainsi que L’Entre-deux à Longueuil, avec une thérapie sur 15 semaines, pour femmes seulement, tous deux privés, ne sont pas référencés en milieu hospitalier ou dans les CLSC. Krystelle attend de passer l’étape d’évaluation pour avoir probablement une place dans un de ces centres au mois de mars.

« J’ai été hospitalisé dans le temps des Fêtes à Malartic et il y avait une autre femme qui n’avait pas les mêmes problèmes que moi mais elle n’avait pas de problème de dépendance elle aussi, et il n’y avait rien vraiment à lui proposer. Quelqu’un qui veut avoir de l’aide et qui n’a pas de dépendances, mais qui ne trouve que ça des centres qui traitent les dépendances, il se dit à un moment donné : C’est quoi, est-ce qu’il faut que je devienne alcoolique? J’ai regardé avec mon psychiatre, avec ma psychologue, et même eux n’étaient pas capables de me donner des places qui offraient le service dont j’ai besoin. Je pense que ce serait bien d’avoir une liste ou un site que tous les professionnels de la santé possèdent, même si c’est au privé, bien pour ceux qui peuvent y aller ce serait plus simple », a affirmé Krystelle.

« En partant les gens qui ont des problèmes de santé mentale sont pas nécessairement prêts à faire ces démarches-là. Moi je suis chanceuse, j’ai de l’aide. Et ce n’est pas tout le monde qui a aussi le budget pour se rendre dans ces centres », a-t-elle poursuivi.

En effet, ces séjours de longue durée impliquent des coûts pour l’hébergement, mais ils signifient aussi une perte de revenu de plusieurs mois. Pour L’Amarrage, on parle d’un coût de 20 $ par jour pour un total de 1 680 $ payables aux deux semaines, tandis qu’à L’Entre-Deux on parle de 185$ la semaine qui résulte en une facture totale de 2 775 $.

« Je sais que je peux le mettre sur mon rapport d’impôt, mais non je n’ai rien de la RAMQ. Je travaille à l’hôpital et j’ai regardé avec mes assurances du travail. Si je veux aller faire une désintox et aller en centre, bien c’est presque tout couvert, mais pour une thérapie autre que ça il n’y a rien de payé. Il y a aussi des endroits qui l’offre à l’externe à Montréal. Mais pour quelqu’un qui vient d’une région comme moi, bien ça implique de se trouver un appartement là-bas, puis m’installer pour faire ma thérapie à l’externe. Ça implique des coûts ça aussi », a expliqué Krystelle.

Au bout de toutes ces démarches et de ces obstacles, Krystelle Maude Doyon veut « essayer de faire bouger les choses dans notre province et si possible dans notre région ». Son but avec cette publication sur Facebook est de toucher le plus de population possible pour qu’il y ait des changements. Elle souhaite que ce soit partagé le plus possible.

Le message de Krystelle a déjà été partagé près de 500 fois et elle aimerait que ça continue. Photo: Capture d'écran