

Le CISSS de l’Abitibi-Témiscamingue vient d’adopter une charte d’engagement pour l’inclusion des personnes de la diversité sexuelle et de genres, qui sont souvent victimes de maladresses et de violences dans le milieu médical à travers le pays.
*MediAT en a parlé avec avec Gabriel Chartier, agent de planification de programmes et de recherche au CISSS de l’AT, ainsi que Mélanie Thérien, conseillère-cadre à la Direction des services multidisciplinaires de santé et de services sociaux.
Comment expliquez-vous la charte?
Gabriel : On se veut offrir un milieu inclusif, accueillant, sécuritaire et bienveillant pour les personnes LGBTQ+, qu’elles utilisent nos services ou qu’elles travaillent avec nous. La charte répond à un élan provincial. On est pas les premiers et on est pas les derniers. On suit la vague. On est très content de ça.
Quelles pourraient être les conséquences si on ne créait pas un tel environnement?
Gabriel : Il se pourrait que plusieurs personnes ne viendraient pas consulter, alors qu’elles en auraient besoin. Elles éviteraient le milieu de la santé le plus possible, ce qui peut entraîner bien des conséquences. On aurait probablement beaucoup plus d’urgences pour des problèmes de santé qu’on a trop laissé aller. Tandis que présentement, on peut faire de la prévention. On a des médecins ultra compétents dans notre équipe.
Quels sont les enjeux des personnes LGBTQ+ dans le milieu médical?
Gabriel : Il y a plusieurs défis dans le monde de la santé par méconnaissance de certains professionnels, mais on travaille fort depuis des années à les former. On veut que les gens fassent de mieux en mieux. La charte va nous aider à entrer dans tous les autres secteurs de l’établissement. Cela dit, on a déjà un bout de fait. Par exemple, plusieurs professionnels de la santé en région offrent des services trans-affirmatifs et accompagnent très bien les gens de la diversité. On est chanceux d’avoir cette équipe.
De quel genre de maladresses avez-vous entendu parler?
Gabriel : Certaines personnes posent plusieurs questions qu’elles ne devraient pas poser. Par exemple, si la clientèle consulte pour une fièvre : dès que les professionnels voient une cicatrice (NDLR : d’une chirurgie de réassignation de genre) ou réalisent que l’expression de genre ne concorde pas avec le sexe indiqué sur la carte d’assurance maladie, ils vont poser plein de questions par maladresse. On veut que tout le monde sache qu’on ne fait pas ça.
Est-ce venu à votre oreille que certains médecins tiennent pour acquis que tous les patients sont hétéros?
Gabriel : Oui. Bien sûr. On a encore le pied dans une culture où les gens présument. On a encore du travail à faire pour un bon bout. N’empêche, je trouve qu’on a fait beaucoup de chemin dans notre région. On a de plus en plus de professionnels accueillants et avec qui ça se passe bien. J’entends de moins en moins de choses négatives.
Il peut également y avoir des conséquences à certaines questions qu’on ne pose pas. Par exemple, un médecin qui oublie de faire un suivi de la prostate d’une femme trans à partir d’un certain âge.
Gabriel : Je n’ai pas entendu parler de situation comme ça. Pourquoi? En région, on a une belle équipe.
Mélanie : La charte fait partie d’un plan d’action bien plus large. Il y a aussi un comité spécialisé pour assister les intervenants. Gabriel fait de la supervision avec eux. On fait ça depuis longtemps. On n’est pas en retard du tout sur ces questions.
La charte vient-elle avec des formations obligatoires?
Gabriel : Dans le plan d’action, on a déjà des formations obligatoires de sensibilisation à la diversité.
Mélanie : Tout le monde doit suivre une formation de base sur le sujet, en fonction de son rôle dans le milieu de la santé. Ensuite, on les spécialise selon leur niveau. Ça peut aller d’une heure à quatre jours et plus.
Que répondez-vous aux gens qui croient qu’on ne devrait pas prendre soin des personnes LGBTQ+ avec une attention particulière?
Gabriel : Si on ne faisait rien pour prendre soin d’elles correctement, c’est comme si on disait qu’il y a plein de monde sur la terre qui ne méritent pas d’être soigné. En tant qu’organisation, on reconnaît la stigmatisation de la communauté LGBTQ+. On sait que c’est beaucoup plus difficile de venir chercher des services. Il faut bien les accueillir et les respecter.