

Tous les ingrédients sont réunis à La Cuverie pour piquer notre curiosité : un documentariste transformé en apiculteur, un rêve installé sur l’île Nepawa et six millions d’abeilles qui contribuent à produire des vins de miel aromatisés aux petits fruits. MediAT a interviewé Patrick Pellegrino qui a lancé l’entreprise avec Danielle Champagne en Abitibi-Ouest.
Comment est apparu le projet de faire du vin de miel?
Dans les années 1990, quand je vivais à La Motte, j’ai rencontré un gars, Wilfrid Ouellet, qui avait une dizaine de ruches et qui faisait du très bon vin. C’est resté dans ma tête pendant les années où je vivais à Montréal pour ma carrière de documentariste. Vers 2008, j’ai réalisé un film sur l’artiste Roger Pelerin qui habite sur l’Île Nepawa, où j’avais déjà de la famille.
Quand je suis revenu en Abitibi avec ma blonde Danielle, on cherchait un lieu pour avoir des abeilles. On s’est rendu compte que la meilleure place pourrait être une île, car les abeilles volent peu au-dessus de l’eau. En pleine pandémie, en 2020, on a acheté un terrain à Nepawa. On voulait faire du vin comme Wilfrid.
Quel est votre procédé?
On a suivi un cours en microbrasserie en 2022 pour apprendre à faire de la bière, alors que notre but était de faire de l’hydromel, car ça se ressemble beaucoup. C’est de la fermentation. La levure travaille pour toi. Tu l’inocules dans un nid à base de miel et d’eau. Tu peux ajouter des fruits pour donner de l’acidité et différents goûts. Après une douzaine de jours, tu atteints la densité désirée. Ensuite, tu dois laisser reposer le tout quelques jours. Quand ce qui se dépose dans le fond se dissout, on peut embouteiller le vin dit tranquille. Si on crée une nouvelle fermentation, on produit du vin mousseux.
Pouvez-vous présenter vos quatre produits?
Nous avons deux vins tranquilles : Le temps des cerises, qui est fait avec des cerises de Virginie, et Nepawa, à base de rhubarbe. La version mousseux de Nepawa se nomme Terroir de l’île et il a un goût rafraîchissant de limonade. Notre plus gros vendeur est Pommes de Rainettes et Pommes d’api, un mousseux aromatisé aux pommes sauvages et aux pommettes.
Combien d’abeilles sont nécessaires?
On a 112 ruches et on va se rendre à 140 bientôt. Dans chaque ruche mature, il y a environ 60 000 abeilles. Je m’amuse à dire que la Cuverie a le plus gros cheptel « d’animaux » en Abitibi-Ouest quand je rencontre les gens de l’UPA qui ont surtout des vaches, des chèvres ou des moutons. On est deux pour s’occuper des ruches et de la production, en plus de ma belle-sœur qui nous donne un coup de main à la boutique.
Voulez-vous en faire un attrait touristique à l’Île Nepawa?
Oui. Comme je suis réalisateur, j’ai mis des films accessibles grâce à des codes QR sur la terrasse pour que les gens voient comment on fait de l’hydromel (en plus de films sur Roger Pelerin et sur l’histoire de ma famille). On fait aussi de l’interprétation : c’est rare qu’on ne va pas montrer les ruches aux gens. Ce n’est pas dangereux d’approcher un rucher. On prépare les gens et ils observent les abeilles butiner. On leur montre aussi nos installations sans les faire entrer dans la Cuverie, qui doit rester aseptisée.
Où vos vins sont-ils distribués?
Dans les marchés publics de Val-d’Or, Rouyn-Noranda et La Sarre. Notre boutique est ouverte tous les jours de l’été de midi à 18h. Nos produits se trouvent aussi au IGA de La Sarre. Pour l’instant, avec notre production, on a décidé de se concentrer sur notre région immédiate. L’an dernier, on a produit 2600 bouteilles. Cette année, on va se rendre à près de 4500. On a aucune ambition d’être distribués ailleurs au Québec. On veut vraiment rester local.