Fonderie Horne : La communauté d'affaires de Rouyn-Noranda demande plus de souplesse


La Chambre de commerce et d’industrie de Rouyn-Noranda (CCIRN) souhaite un peu plus de souplesse et de concertation entre les acteurs concernés dans le dossier de la Fonderie Horne. Pour son vice-président, Éric Beaupré, Glencore a fait du bon travail jusqu'à maintenant pour diminuer ses émissions, et il faut lui permettre de poursuivre dans cette voie.
Le 18 juillet dernier, dans La Presse, on apprenait que l’entreprise Glencore, propriétaire de la Fonderie Horne, n’allait pas être en mesure d’atteindre la norme de 3 ng/m³ et qu’elle jugeait cette cible « techniquement impossible » à atteindre.
La prochaine cible à atteindre est de 15 ng/m³ en 2028. Glencore croit cette fois pouvoir y parvenir, mais avec un an et demi de retard.
« Une façon de gagner du temps », selon la Santé publique
La compagnie demande donc plus de temps et la révision de la norme provinciale. La Santé publique régionale a jugé cette demande inacceptable.
La directrice par intérim de la Santé publique en Abitibi-Témiscamingue, Dre Omobola Sobanjo, a quant à elle jugé cette demande inacceptable. La Santé publique rappelle que cette norme est fondée sur des études épidémiologiques crédibles.
Mme Sobanjo poursuit en affirmant que, selon elle, les demandes de la Fonderie ne sont qu’une tactique pour « étirer les délais et ne pas faire ce qu’il y a à faire, soit diminuer les rejets d’arsenic et procéder à la décontamination des terrains ».
Syndicats et Chambre de commerce : Pas du même avis
Dans une lettre ouverte, La CCIRN, appuyée par une vingtaine de ses membres, s’adresse directement au premier ministre du Québec, François Legault, afin d’appuyer les demandes de la Fonderie.
« Depuis plusieurs années, la Fonderie Horne a entrepris une transformation majeure de ses pratiques environnementales, peut-on lire dans la lettre ouverte. Les résultats sont probants : entre 2022 et 2024, la concentration moyenne d’arsenic à la station légale Horne a diminué de 46,5 %. En 2024, plus de 90 % de la zone urbaine de Rouyn-Noranda affichait des concentrations inférieures à 7 ng/m³, et 99 % sous le seuil de 15 ng/m³. Ces progrès démontrent un engagement réel envers la santé publique et l’environnement. »
« Ce que l’on constate, c’est qu’il y a beaucoup d’acteurs impliqués — le ministère, la Santé publique régionale… — mais que tous ne se parlent pas, a indiqué le vice-président de la CCIRN, Eric. Beaupré. Il faut plus de concertation et il faut considérer les efforts de l’entreprise.» Pourlui, la Fonderie a un impact trop important pour que la situation soit laissée ainsi.
Les syndicats des Métallos et la FIM-CSN abondent dans le même sens et demandent au gouvernement de considérer l’importance des 800 emplois liés à la Fonderie Horne et à l’affinerie CCR de Montréal-Est, qui traite les anodes de cuivre de la Fonderie. Pour eux, tout est une question d’équilibre. Ils rappellent qu’un immense travail a été accompli à la Fonderie Horne pour réduire les émissions dans l’air, et que ce travail doit se poursuivre.
« Nous comprenons le besoin de Glencore d’avoir de la prévisibilité quant à son avenir, alors qu’elle s’engage dans les travaux menant à une réduction supplémentaire », ont-ils déclaré dans un communiqué.
Toujours selon eux, l’idée n’est pas de sacrifier la santé de la population au nom de l’économie, mais bien de trouver un compromis acceptable, qui respecte les exigences de la santé publique, sans provoquer la fermeture des deux installations de Glencore, ni la relocalisation de ses activités.
La CCIRN questionne les choix de la santé publique
La Chambre souhaite que les décisions relatives à la Fonderie Horne soient prises à partir d’études crédibles. Elle suggère que les études sur l’arsenic urinaire soient prises en compte, les considérant comme un indicateur fiable de l’exposition réelle de la population.
« On ne dit pas que nous sommes des experts, mais quand on consulte le site de la Santé publique du Canada, les études par l’urine sont considérées comme fiables», a précisé Éri Beaupré. La CCIRN rappelle qu’en 2005-2006, à une époque où la concentration d’arsenic dans l’air était beaucoup plus élevée qu’aujourd’hui, les citoyens du quartier Notre-Dame n’étaient pourtant pas surexposés à l’arsenic.
La Dre Sobanjo rejette également ces affirmations. Selon elle, les prélèvements sous les ongles permettent mieux de détecter une exposition à long terme, contrairement aux analyses urinaires, qui mesurent plutôt l’exposition à court terme.
En outre, La CCIRN rappelle l’apport majeur de la Fonderie à l’économie de Rouyn-Noranda, avec 3 200 emplois directs et indirects, en plus de retombées de 848 M$ en 2023.
« Dans un contexte mondial instable, marqué par la pression sur les chaînes d’approvisionnement et la montée du protectionnisme, préserver une telle infrastructure industrielle est un impératif stratégique », a-t-on affirmé dans la lettre ouverte. « Cela nécessite un cadre réglementaire clair, prévisible et fondé sur des données scientifiques rigoureuses. »