Itinérance à Amos : hausse des cas et mobilisation des acteurs locaux


Amos – Ces dernières semaines, des témoignages partagés sur les réseaux sociaux ont ouvert le débat sur l’itinérance dans la ville. Certains commerçants disent observer une hausse des incidents dans leurs établissements, tandis que des citoyens rapportent avoir été interpellés ou intimidés dans des lieux publics, parfois en plein jour.
Ces récits, largement commentés en ligne (sur les résaux sociaux), expriment un sentiment grandissant d’inconfort et de crainte, particulièrement dans le centre-ville d'Amos. Pour plusieurs, la question de l’itinérance se mêle à celle de la sécurité, alimentant la discussion sur les solutions à mettre en place.
Une hausse continue de l’itinérance
Selon les données recueillies par la Ville et ses partenaires, Amos comptait environ 30 personnes en situation d’itinérance il y a deux ans. Ce chiffre est monté à 47 l’an dernier et atteint aujourd’hui 51 personnes.
Pour le maire Sébastien D’Astous, cette progression s’inscrit dans une tendance provinciale préoccupante :
« Ce n’est pas parce qu’une personne est itinérante qu’elle est dérangeante ou dangereuse », précise-t-il. « Mais certains cas isolés suscitent des inquiétudes, et il faut y répondre. »
La Ville d’Amos veut un soutien provincial
M. D’Astous rappelle que la gestion des services aux personnes itinérantes relève du CISSS-AT (Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Abitibi-Témiscamingue) et de la santé publique.
« On veut faire partie de la solution, mais il faut que ça vienne du gouvernement, pas du maire », insiste-t-il.
Parmi les mesures déjà mises en place :
- Ouverture d’une halte de chaleur l’hiver dernier pendant environ 60 jours.
- Formation du personnel municipal (bibliothèques, centres culturels et sportifs) pour mieux intervenir.
- Soutien à l’Accueil d’Amos pour ses projets et besoins budgétaires.
Le maire dénonce toutefois des coupures dans les services sociaux – suppression de trois postes d’intervenants communautaires et fermeture d’une aile psychiatrique – qui, selon lui, aggravent la situation.
La SQ mise sur la prévention et la collaboration
Pour la Sûreté du Québec, réagir uniquement par des contraventions ne règle pas le problème :
« Donner dix constats à une personne qui ne pourra pas les payer n’améliore pas la situation », explique un porte-parole.
À Amos, la SQ mise sur :
- Des patrouilles à pied et rencontres avec les commerçants.
- La présence de cadets policiers pour dialoguer avec la population.
- L’accompagnement d’une travailleuse social directement rattaché au poste local.
Les policiers interviennent en cas d’actes criminels et transmettent les dossiers au DPCP lorsque c’est possible, mais soulignent que la résolution durable passe par un travail collectif.
Des causes multiples et des ressources limitées
Raphaël Connelly, travailleur de rue et membre du conseil d’administration de La Nuit des sans-abris, explique que l’itinérance visible a augmenté à Amos pour de nombreuses raisons : hausse du coût de la vie, pénurie de logements abordables, prix des aliments, et absence de plan de réinsertion pour certaines personnes à leur sortie de détention.
Il rappelle aussi que toutes les personnes visibles dans la rue ne sont pas sans logement : certaines disposent d’une chambre ou d’un appartement, mais fréquentent les mêmes lieux que les sans-abri, donnant parfois une impression amplifiée du phénomène.
Services disponibles à Amos
Pour répondre aux besoins immédiats, la ville dispose de quelques services :
- L’Accueil d’Amos, qui offre hébergement d’urgence, repas, douche et lessive. Il ferme toutefois ses portes le matin, limitant le soutien en continu.
- Le travail de rue via Rue MRAR, qui accompagne les personnes itinérantes directement sur le terrain, en lien avec les organismes communautaires et la santé publique.
Malgré ces initiatives, Amos ne dispose pas de centre de jour permanent, contrairement à d’autres villes comme Val-d’Or ou Rouyn-Noranda. Raphaël Connelly suggère la création d’un refuge plus souple, destiné aux personnes qui ne peuvent respecter les règles strictes de l’Accueil, pour leur permettre de cheminer « une marche à la fois » vers la réinsertion.
Mobilisation recherchée
Amos dispose d’une table locale en santé mentale et dépendances, avec un volet itinérance depuis trois ans. Selon les intervenants, la démarche reste surtout réactive, et un effort concerté de tous les acteurs est nécessaire pour progresser.
Pour résoudre durablement l’itinérance, il faudra une collaboration entre la Ville, les organismes communautaires, la santé publique, la police, les commerçants et les citoyens, afin de trouver un équilibre entre sécurité et accompagnement social.
« L’itinérance, c’est un enjeu social autant que sécuritaire. Sans ressources adaptées et concertation, on ne fait que repousser le problème », conclut la SQ.
Pour en savoir plus et s’impliquer
L’itinérance à Amos reste un défi complexe, qui demande une mobilisation collective et des solutions adaptées. Pour mieux comprendre cette réalité et découvrir comment contribuer, la Nuit des sans-abris se tiendra le 17 octobre 2025 au Parc de la Cathédrale.
Cet événement est l’occasion d’échanger avec des intervenants, de sensibiliser le public et de réfléchir ensemble aux moyens d’aider les personnes en situation d’itinérance. Pour tous les détails sur la programmation et les façons de participer, consultez le page facebook La Nuit des sans-abri -Amos