Banque alimentaire : Hausse de 7% des visites à Rouyn-Noranda
 
                            
                             
                                                Le bilan-faim 2025 confirme l’augmentation significative des utilisateurs des banques alimentaires partout au Canada. En région, les chiffres de la Ressourcerie Bernard-Hamel de Rouyn-Noranda indiquent une augmentation de 7% par rapport à 2024 soit 2% de plus qu’ailleurs au pays.
Mathieu Proulx, MédiAT - Initiative de journalisme local (IJL)
Le Bilan-faim de Banques alimentaires du Canada confirme une tendance alarmante. Les visites mensuelles dans les banques alimentaires ont doublé depuis 2019. Les visites ont atteint 2,2 millions en mars 2025. Aujourd'hui, un client des banques alimentaires sur cinq occupe un emploi. En 2019, on parlait plutôt d’un client sur 10.
À Rouyn-Noranda, la Ressourcerie Bernard-Hamel fait état de 28 270 demandes dans la dernière année. Il s’agit d’une hausse de 7% en un an. La hausse est de 48% en comparant avec 2023.
Pour la responsable des communications à la Ressourcerie Bernard-Hamel, Katerine Veilleux, le coût de la vie est le principal responsable de cette hausse marquée en région. «Tout a tellement augmenté que les gens qui pouvaient se permettre de faire l’épicerie sans problème il y a quelques années n’en ont plus les moyens maintenant », a-t-elle relaté.
Plus de 6000 personnes soutenues
En 2025, la ressourcerie a aidé concrètement 6 917 personnes chaque mois à travers leurs services. La plus grande crainte demeure au niveau des quantités de denrées reçues. Logiquement, si plus de gens ont besoin de denrées, moins de personnes peuvent en donner. Cela crée ainsi une pression importante sur les inventaires. « On reçoit carrément moins de nourriture, a poursuivi Mme Veilleux. On doit continuer de répondre à une demande grandissante, mais les dons sont moins nombreux.»
Les dons importants plus que jamais
Les Banques alimentaires appellent donc à la générosité des gens qui en ont les moyens. « Il n’y a pas de phrases magiques, a-t-elle poursuivi. Les dons sont nécessaires pour faire l’achat de denrées, notamment la viande et les légumes qui coûtent beaucoup plus cher et qui sont plus rares étant périssables.»
Si l’économie de la région se porte mieux qu’ailleurs au Québec, la hausse des demandes de dépannage est plus forte . « Le coût des logements explique cette situation particulière, a mentionné Mme Veilleux. Nous avons ici beaucoup plus de familles monoparentales. Avec un seul salaire, les gens ont beaucoup plus de difficulté à boucler le budget d’une famille (logement, nourriture, vêtements, rentrée scolaire…) Parfois, les gens doivent venir nous voir à la suite d’une perte d’emploi ou d’un accident de travail. Très souvent, ils ont honte de venir nous voir et attendent au dernier moment avant de venir.»
Toujours moins de denrées
En Abitibi-Témiscamingue, Banque alimentaire Québec et Canada envoie les dons dans les points de chute de Val-d’Or et Rouyn-Noranda, qui, eux, à leur tour, redistribuent les denrées dans les organismes partout sur le territoire.
« On reçoit aussi des dons grâce au programme de récupération des supermarchés, a ajouté Mme Veilleux. On ne se cachera pas que les épiceries doivent faire des profits. On remarque une baisse des dons de leur part. Avec les dons de la population, on peut donc acheter et offrir de beaux paniers de dépannage à nos usagers.»
Ce triste bilan n’est pas terminé alors que la période des Fêtes approche à grands pas. «Le temps des Fêtes est toujours plus difficile auprès de notre clientèle, a rappelé la responsable. La Guignolée de décembre va nous permettre de répondre à ce besoin important.»
Des actions pour rendre la vie plus abordable
Alors que le prochain budget fédéral approche, les Banques alimentaires ont profité de l’occasion pour proposer une stratégie au gouvernement afin de faire face à cette hausse importante. Par ces actions, on souhaite réduire de moitié l’insécurité alimentaire d’ici 2030.
Afin de s’attaquer aux causes profondes de la pauvreté, on demande de moderniser le Régime d’assurance-emploi en élargissant le soutien aux travailleurs précaires, à la demande et autonomes. On demande de réparer le filet social du Canada, notamment en bonifiant la Prestation canadienne pour personnes handicapées.
On demande aussi d’investir dans l’offre et la demande de logements, y compris l’aide au loyer. On souhaite aussi l’instauration d’une allocation pour l’épicerie et les besoins de base afin de rendre la vie plus abordable.