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Mathieu Proulx, MédiAT - Initiative de journalisme local (IJL)
NIN a été réalisée par Minwashin à l’occasion de la décennie internationale des langues autochtones.
Créée en 2022, cette exposition a mobilisé plusieurs créateurs de la nation anicinabe et ses alliés. L’objectif est de célébrer la beauté et la force de l’anicinabemowin, la langue anicinabe.
Il s’agit d’un bel honneur et d’une belle marque de reconnaissance, comme en témoigne le président de Minwashin, Richard Kistabish. « On a travaillé fort pour y arriver, a-t-il lancé. Le travail a été assez compliqué par boutte (sic). L’idée d’exposer une langue orale était controversée et farfelue pour plusieurs. Ce n’est pas simple à faire.»
À la blague, le président explique que NIN était « une très mauvaise bonne idée ». Il rappelle que le travail de conception ne s’est pas fait d’un coup de baguette. Il a fallu plusieurs années pour arriver au résultat final pour connaître la façon dont ça allait se concrétiser.
De l’UNESCO à Québec
Avant de visiter chacune des communautés Anishnabe, en Abitibi-Témiscamingue, NIN avait été reçue à l’UNESCO en avril 2022. Maintenant, c’est autour d’une importante institution nationale, le Musée de la civilisation, de partager NIN avec ses visiteurs, ce qui n’a pas été si simple au départ.
«La loi sur la langue française nous interdisait d’exposer dans une autre langue que la langue officielle, a expliqué M. Kistabish. Il fallait une dérogation. On a dû attendre un an avant d’avoir cette autorisation-là.» Il s'agissait d'un changement de paradigme pour une institution gouvernementale. Minwahsin a tout de même réussi à faire valoir ses points.
Avant NIN, l’année 2019 a été déclarée année officielle des langues autochtones. Ensuite, la décennie des langues autochtones (2022-2032) a été déclarée par l’Organisation des Nations unies. « On a travaillé dans ce contexte-là et ses événements et on a réussi à formuler quelque chose de fantastique après toutes ces années de travail, a relaté le président. Les musées ont été attirés par la façon dont on a réussi à mettre en valeur une langue orale via une exposition. Ils ont été impressionnés et voulaient tous la présenter.»
M. Kistabish souhaite que les visiteurs qui verront NIN, au cours des prochains mois, puissent mieux comprendre l’histoire des Anishnabe. « On espère que les gens comprennent que la langue existait déjà avant l’arrivée des premiers colons français, a-t-il affirmé. Aussi, que l’exposition puisse permettre une prise de conscience pour rétablir et poursuivre les relations dans le respect.»
La réconciliation ensemble
Nin a d’ailleurs été réalisé avec des artistes autochtones, mais également des allochtones, alliés de la cause. « On s’en sortira pas si on ne travaille pas ensemble à construire des ponts, a rajouté M. Kistabish. Il faut avoir de l’aide et des partenaires. Il faut surtout avoir de la compréhension dans l’élaboration d’une réconciliation.»
Ce travail-là ne se fait pas du jour au lendemain. Pour lui, chaque petit pas permet d’avancer vers l’objectif ultime.
À ce sujet, l’augmentation des discours extrémistes et le clivage politique actuel n’inquiètent pas tant que ça M. Kistabish. «Quand un changement s’annonce, on se braque naturellement. Il y aura toujours des gens qui s’opposent et des niaiseries qui vont retarder l’évolution. Par contre, il faut toujours persister.»
Porter la voix des Anicinabe
NIN signifie « Je suis » dans la langue anicinabe est, selon les créateurs, une entrée poétique dans la façon anicinabe d’être au monde. Lors de l’exposition, on dit que chaque pas permet d’aller à la rencontre de cette langue à travers celles et ceux qui la font vivre. On présente l’exposition comme un parcours sensible réunissant des histoires, des œuvres d’art et des expériences interactives.
« D’une seule voix, les porteurs des savoirs anicinabe vous invitent à cheminer sur les sentiers d’une forêt symbolique formée de noms, de valeurs et de récits, peut-on lire sur le site du Musée de la civilisation. Un mot à la fois, empruntez un chemin de régénération et de guérison inspiré par le cycle de la vie.
L’exposition est présentée en ce moment au Musée de la civilisation à Québec et ce, jusqu’au 3 janvier 2027.