Budget Champagne : Rien de nouveau pour l’Abitibi-Témiscamingue
Le budget du ministre des Finances, François-Philippe Champagne, présenté le 4 novembre dernier, ne contient pas de très grandes nouvelles économiques pour l’Abitibi-Témiscamingue. Il s’agit du moins des observations de l’associée en fiscalité canadienne chez Raymond Chabot Grant Thornton, Stéphanie Roy.
Mathieu Proulx, MédiAT - Initiative de journalisme local (IJL)
Le premier budget de M. Champagne prévoit un déficit de 78,3G$ comparativement 43G$ lors du dernier budget de l’ère Trudeau. On ne prévoit pas de retour à l’équilibre budgétaire d’ici cinq ans.
« Le budget Champagne se concentre sur trois grands postes de dépenses : les infrastructures, le logement abordable et la défense, a-t-elle partagé en entrevue. Maintenant, il reste à voir comment cela va se concrétiser dans notre région l’Abitibi-Témiscamingue.»
En entrevue, le député d’Abitibi-Témiscamingue, Sébastien Lemire, s’est dit insatisfait de ce budget. Pour lui, il ne représente pas les valeurs sur lesquelles la population lui a donné un mandat fort au printemps dernier. Il va donc voté contre le 17 novembre prochain. «Sur les infrastructures et des transferts en santé, par exemple, on a 5G$ seulement pour des hôpitaux, ce n’est pas suffisant, a-t-il déploré. On peut difficilement croire que c’est avec ça qu’on va réussir à concrétiser le projet de l’hôpital d’Amos.»
Pour les infrastructures, 17G$ sont prévus pour des projets municipaux au Québec dont 5G$ pour les hôpitaux. À ce sujet l’Union des municipalités (UMQ) a rappelé que le Fonds pour bâtir des collectivités était constitué de sommes déjà annoncées. Selon l’UMQ, 8,5G$ sont en attente de transfert vers Québec puisque les deux paliers de gouvernement sont incapables de s’entendre.
« Le nouveau Fonds pour bâtir des collectivités fortes soulève de sérieuses préoccupations quant à la provenance du financement, a souligné le président de l’UMQ et maire e Mascouche, Guillaume Tremblay. Il serait inacceptable d’aller piger dans les sommes déjà prévues pour des projets au Québec, mais auxquelles nous n’avons pas accès faute d’ententes entre les deux paliers de gouvernement. »
Sur le logement, M. Lemire s’inquiète plus particulièrement de l’incapacité du gouvernement à faire atterrir les sommes dans la région. «Quand un promoteur veut qualifier son projet, il n’y arrive simplement pas, a-t-il expliqué. Il faut revoir les règles et les adapter à notre réalité.»
Toujours selon lui, les entreprises de maisons préfabriquées de la région auraient des solutions intéressantes pour développer des projets et palier à la pénurie.
Favoriser la productivité et l’investissement
Parmi les nouveautés, on retrouve la « superdéduction » pour le secteur manufacturier. Essentiellement, cette mesure vise à favoriser la construction de nouveaux bâtiments dédiés à la transformation et la production. «Par cette mesure, on souhaite se montrer compétitif face aux États-Unis, a précisé Mme Roy. Malgré les tarifs, on pourra permettre d’attirer des entreprises, mais surtout de les retenir en facilitant les investissements en construction de bâtiment. Les entreprises de l’Abitibi-Témiscamingue pourront certainement en bénéficier dans les mois qui viendront.»
Pas de nouveau pour les mines et la forêt
Pour le secteur minier, rien de neuf sous le soleil à part l’élargissement du crédit d’impôt pour l’exploration pour 12 minéraux critiques supplémentaires. Le Fonds souverain de 2 milliards sur cinq ans pour les minéraux critiques existait déjà et a été reconfirmé dans le présent budget.
La présidente-directrice générale de l’Association minière du Québec, Emmanuelle Toussaint, s’est dite satisfaite des signaux positifs pour la sécurisation des projets liés aux minéraux critiques. Elle aurait aimé un soutien plus large du secteur minier. «Il demeure que le rôle central des minéraux de base et aurifère demeure largement absent du présent budget, a-t-elle affirmé. Or, les minéraux provenant de ce secteur constituent une source majeure de revenus fiscaux pour le gouvernement.»
Même chose pour le secteur forestier où l’on a essentiellement reconfirmé les programmes annoncés cet été dont le 700 M$ en garantie de prêts pour aider les entreprises à faire face aux pressions du marché.
«Pour les ressources naturelles, on aurait aimé un signal clair pour soutenir le transformation dans les régions » , a conclu Sébastien Lemire.