Immigration régionale : La coalition établit un plan clair sur ses besoins
Une quarantaine d'acteurs socio-économiques de l'Abitibi-Témiscamingue ont convenu d’un plan d’actions le 17 novembre dernier pour assurer la vitalité économique et poursuivre le travail face à la pénurie de main-d’œuvre
Mathieu Proulx, MédiAT - Initiative de journalisme local (IJL)
La rencontre a été organisée par l’organisme Attractivité Abitibi-Témiscamingue à la suite de la décision du gouvernement d’abaisser les seuils en immigration malgré des prévisions démographiques critiques pour l’Abitibi-Témiscamingue.
Trois priorités
Au terme de cette journée réunissant les Chambres de commerce, le milieu de l’éducation, les préfets, les concessionnaires automobiles, commerces de détail, la santé et les services sociaux et les acteurs de l’industrie touristique entre autres, trois priorités ont été identifiées.
On souhaite d'abord que la planification de l’immigration soit régionalisée par territoire. On veut également stabiliser le parcours des étudiants internationaux et celui des travailleurs étrangers déjà installés en région. Finalement, la coalition demande d’adapter les seuils et les programmes en fonction des besoins réels de chacune des régions en pénurie structurelle.
Un enjeu démographique majeur
Dans un communiqué, le président de la Conférence des préfets de l’Abitibi-Témiscamingue, Jaclin Bégin, a rappelé que la démographie sera un enjeu crucial pour la prochaine décennie. Il se désole que les décisions prises fragilisent et affaiblissent nos communautés.
« Dans ce contexte, la régionalisation de l’immigration devient plus que jamais indispensable, a-t-il poursuivi. Les élus municipaux réaffirment leur volonté de parler d’une même voix et de travailler étroitement avec l’ensemble des partenaires pour obtenir des ajustements concrets, réellement ancrés dans la réalité de notre région et répondant aux enjeux particuliers que vivent nos municipalités. »
Des services essentiels fragilisés
Certains dirigeants d’entreprises ont témoigné sur les impacts majeurs qu’entraînera une diminution de l’immigration en région. Le Groupe Beauséjour, propriétaires de plusieurs dépanneurs en région, craint que des communautés perdent des services de distribution de carburant après 23h par exemple. Certains concessionnaires automobiles craignent également de perdre leur capacité à entretenir les véhicules d’urgence.
« En région, notre situation est très différente de celle des grands centres et l’immigration est très importante. Beaucoup d’entreprises en dépendent, a expliqué le président de la Chambre de commerce et d’industrie de Rouyn-Noranda, Stephan Brown. Rapidement, on exige que les personnes déjà intégrées puissent rester sur notre territoire. Sans cela, c’est carrément un drame humain de renvoyer tous ces gens-là et leur famille d’où ils viennent.»
M. Brown indique que la coalition poursuivra ses demandes répétées afin d’être entendue réellement. Une demande de rencontre avec le ministre responsable de l’Abitibi-Témiscamingue, François Legault, a été faite et est toujours en attente. « Depuis 2018, le gouvernement centralise presque tout autour de Montréal, a poursuivi M. Brown. La rencontre permettra de mettre beaucoup plus de pression. Il faut que ces gens-là comprennent la situation de l’Abitibi-Témiscamingue. »
La mobilisation du 17 novembre et les 70 participants ont convenu d’une escalade des moyens de pression, tant administratifs que politiques. «La région est prête à déployer tout ce qui est nécessaire pour obtenir des mesures adaptées, immédiates et cohérentes avec la réalité des communautés », a-t-on conclu dans un communiqué.