L’UQAT étudiera la diplomatie scientifique autochtone
L’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue confirme à nouveau son positionnement comme pôle d’excellence en études autochtones avec la création, au printemps prochain, d’une nouvelle Chaire de recherche en diplomatie scientifique autochtone.
Mathieu Proulx, MédiAT - Initiative de journalisme local (IJL)
La chaire se penchera sur l’influence des communautés autochtones à l’international, le respect de leurs droits dans les systèmes de santé et leur vulnérabilité aux catastrophes climatiques.
Cette nouvelle chaire sera dirigée par le professeur titulaire à l’École d’études autochtones de l’UQAT, Hugo Asselin et le membre de Council and industrial research (CSIR), Erek Chakauya. La professeure Suzy Basile et le professeur, Sébastien Brodeur-Girard, de l’École d’études autochtones de l’UQAT, prendront part aux recherches, de même que Sechaba Bareetseng, membre du CSIR.
L’expertise de l’UQAT reconnue a nouveau
« Le Fonds de recherche du Québec (FRQ) a lancé un appel de propositions pour des chaires en diplomatie scientifique, a mentionné Hugo Asselin en entrevue. On a su qu’il y avait de l’intérêt de leur part pour les questions autochtones.» .

L’UQAT a donc proposé une chaire en diplomatie scientifique autochtone. Il y a six autres chaires sur d’autres thématiques. «Évidemment, on a mis l’accent sur notre expertise et le travail qu’on fait en collaboration avec les Premières Nations depuis toujours», a poursuivi le professeur-chercheur. Le FRQ finance la chaire à hauteur de 50 000$ par année pendant cinq ans
Trois axes
Le premier volet de la Chaire concerne la négociation et les retombées des ententes internationales. On souhaite mieux comprendre la participation et l’influence des délégués autochtones dans les rencontres diplomatiques et évaluer les retombées de ces ententes.
Dans un communiqué de l’UQAT, on explique que la diplomatie scientifique désigne les interactions entre la science et les intérêts politiques dans un contexte international. Cette nouvelle chaire de recherche a été créée en faveur d’une diplomatie science alternative, qui reconnaît les peuples autochtones comme des partenaires essentiels pour relever les défis mondiaux.
Les savoirs ancestraux au service de la science
«Si on décortique le terme, la diplomatie représente les relations entre les nations, a expliqué M. Asselin. Souvent, on l’entend au niveau international entre les pays, mais on peut aussi l’entendre entre les nations autochtones. Donc, on parle des relations entre les nations pour défendre leurs intérêts individuels, mais aussi pour affronter des enjeux communs, comme les changements climatiques, par exemple.»
Asselin poursuit. «Si on ajoute le terme scientifique, ça veut dire que l’on souhaite que les décisions qui sont prises le soient sur la base de données probantes qui viennent de recherches scientifiques, a-t-il ajouté. Nous (l’UQAT), on ajoute la notion autochtone parce qu’on pense qu’il n’y a pas que la science qui peut fournir des données probantes, mais aussi les savoirs autochtones générés autrement, mais tout aussi valables.»
Les autochtones sont-ils compris à l’international?
Concrètement, la chaire a pour objectif d’identifier les facteurs qui favorisent ou qui nuisent au fait que les autochtones puissent faire valoir leur point de vue dans les rencontres diplomatiques.
«Par exemple, un des axes de la chaire consiste à réaliser des entrevues avec des délégués autochtones qui participent à des négociations dans les réunions diplomatiques (La déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, Les COP sur les changements climatiques, biodiversité…). On veut savoir comment ça se passe pour eux lors de ces rencontres. Leur point de vue est-il pris en compte ? Ont-ils l’impression d’être entendus ? »
Savoirs autochtones et changements climatiques
Un autre axe de la Chaire se penchera sur les perturbations naturelles, comme les feux de forêt. On souhaite évaluer la vulnérabilité des communautés autochtones face aux perturbations. On veut aussi identifier comment les savoir ancestraux peuvent améliorer les politiques publiques à cet égard.
«On veut travailler sur une meilleure préparation face aux changements climatiques, a poursuivi le professeur. Autant la gestion des mesures d’urgence au moment où ça arrive, mais aussi les conséquences après et la gestion des territoires.»
Soins de santé et autochtones
Le troisième volet est en lien avec les services de santé offerts aux populations autochtones. « On mettra beaucoup l’accent sur les femmes autochtones et leurs droits parce que, dans la chaire, la professeure de l’UQAT, Suzy Basile, est impliquée et bien connue pour ses travaux sur les stérilisations imposées aux femmes autochtones. Ce phénomène est partout au Canada et ailleurs dans le monde.»
La chaire veut donc travailler sur cette question plus précise, mais aussi plus largement sur la prestation des services de santé et la prise en compte des savoirs ancestraux dans les systèmes de santé. « On peut penser aux plantes médicinales et les façons de se guérir, a rajouté Hugo Asselin. On veut en arriver à proposer une façon d’obtenir des soins plus culturellement sécuritaires.»
La nouvelle chaire de recherche débutera ses activités au printemps 2026 avec le recrutement des étudiants et la réalisation des travaux.