Vendredi, 26 avril 2024

L’Abitibi-Témiscamingue mal desservie en santé : entrevue avec l’IRIS

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Lydia Blouin
Lydia Blouin
MédiAT
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La population de la région est mal desservie en santé. C’est la conclusion d’une étude de l’IRIS (Institut de recherche et d’informations socioéconomiques) qui révélait hier, le 22 septembre, des chiffres alarmants sur la situation du système de santé en Abitibi-Témiscamingue.

Un chercheur de l’IRIS, Kristof Beaucaire, vulgarise les résultats :

« Ce qu’on a déterminé, en ce moment, c’est qu’il y a d’énormes problèmes d’accès aux soins de santé en Abitibi qui sont répartis de manière différente à travers la région. »

Des moyens pour obtenir le service

Il donne en exemple les coupures dans le système de santé : les ambulances, notamment, ne peuvent pas desservir adéquatement le territoire selon le chercheur. Il note également que le délestage de certains services fait partie du problème rencontré dans la région, comme au Témiscamingue et en Abitibi-Ouest.

En réponse à ces problématiques, certaines personnes se tournent vers l’Ontario ou les urgences pour obtenir des soins. En 2019, environ 2400 personnes, dont 80% d’habitants du Témiscamingue, se sont tournées vers la province voisine pour avoir accès à des soins de santé.

Par ailleurs, 73% des cas à l’urgence sont pour des soins de base, soit des soins non-urgents. Comparé au reste de la province, ce chiffre est 17% plus élevé, la moyenne québécoise étant de 56%. Cela indique une difficulté d’accès au système de santé par le biais d’un médecin de famille.

Manque de personnel

On constate aussi que le nombre d’infirmiers/ères auxiliaires dans certaines MRC peuvent être jusqu’à 3 fois moins élevées que dans des régions similaires. Pourtant, les besoins sont plus grands dans la région puisque le territoire est vaste.

« L’Abitibi, c’est la région qui a le plus haut taux d’hôpitaux par habitants. […] On a besoin de travailleurs pour travailler et pour remplir les quarts de travail nécessaires. […] On a besoin d’une plus grande proportion d’employés de la santé par habitant pour desservir les petits villages. »

Les chercheurs ont aussi noté que la population en âge de travailler diminue : le vieillissement de la population augmente les besoins dans le système, mais paradoxalement, les employ(ées) se font plus rares. C’est notamment le cas de médecins spécialistes au Témiscamingue et en Abitibi-Ouest.

Certaines mesures sont mises en places en Abitibi-Ouest pour attirer davantage de personnel, mais selon monsieur Beaucaire, l’approche préconisée ne garantit pas que les employé(es) vont demeurer sur place. En effet, une fois le contrat de travail terminé, certain(es) décident de déménager.

Monsieur Beaucaire souligne :

« Il faut trouver des manières de rendre l’installation en Abitibi-Témiscamingue plus intéressante pour les gens qui viennent de l’extérieur. »

Notons que les services de santé sont d’autant plus importants dans la région, puisque l’espérance de vie dans certaines MRC est plus basse que la moyenne québécoise. En effet, elle est plus faible d’environ 3 ans dans la MRC Abitibi (79,5 ans) et dans la Vallée-de-l’Or (79,2 ans) comparé au reste du Québec (82,5 ans). Le chercheur souligne cependant que plusieurs facteurs peuvent influencer ces chiffres, dont le taux de suicide qui est particulièrement élevé dans la région.