Jeudi, 21 novembre 2024

l’INSPQ propose la diminution des émissions d’arsenic à Rouyn-Noranda

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Lydia Blouin
Lydia Blouin
MédiAT
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L’INSPQ (Institut national de Santé Publique du Québec) révélait son rapport sur les émissions d’arsenic et de cadmium à Rouyn-Noranda le 6 juillet dernier. Ce dernier évalue les risques de cancers par rapport à la quantité d’arsenic et de cadmium mesurable dans l’air.

Résultats du rapport

Ce rapport permet ainsi de soutenir la Direction Régionale de Santé Publique (DRSP) dans la proposition de nouvelles cibles liées à l’arsenic pour la Fonderie Horne, qui a présentement droit de rejeter 100 ng/m cube d’arsenic dans l’air jusqu’en automne prochain. La norme québécoise est quant à elle fixée à 3 ng/m cube maximum.

D’après les mesures réalisées par l’organisation, l’INSPQ considère que toute diminution de la quantité d’arsenic dans l’air sera profitable pour les personnes nouvellement installées à Rouyn-Noranda, pour les jeunes et pour les générations futures.

En effet, on pourrait observer entre 1 et 14 cas de cancers supplémentaires au centre-ville de Rouyn-Noranda pour une exposition à l’arsenic et au cadmium sur 70 ans si celle-ci demeure au même niveau qu’entre 2005 et 2018, soit à une moyenne de 165 ng/m cube.

Ce nombre de cas de cancers hypothétique dépasse le seuil de risque jugé acceptable. En effet, si on reporte le nombre de cas sur 1 million de personnes, on pourrait observer entre 13 et 554 cas supplémentaires par rapport au nombre de cas de cancers attendus. La majorité des organisations considèrent qu’un risque acceptable se situe entre 1 et 10 cas de cancers supplémentaires. Cependant, une balise est fixée à 100 cas supplémentaires sur 1 million : autrement dit, 100 cas de cancers supplémentaires sur 1 million est jugé inacceptable par pratiquement toutes les organisations liées à la santé.

En conséquence, l’INSPQ a évalué trois scénarios possibles. Le premier est le statu quo, qui permettrait à la Fonderie Horne de continuer de rejeter les mêmes émanations d’arsenic qu’entre 2005 et 2018. Ce scénario ne serait pas jugé acceptable selon les données analysées. L’INSPQ a également proposé deux scénarios de diminution graduelle de la quantité d’arsenic pour atteindre la norme actuelle de 3 ng/m cube.

Des inquiétudes soulevées

Le docteur Luc Boileau, le directeur national de santé publique, souhaitait rassurer la population par conférence de presse le 6 juillet. Cependant, son discours ne semble pas avoir convaincu Émilise Lessard-Therrien, députée de Rouyn-Noranda Témiscamingue. Cette dernière commente :

« Je ne suis pas du tout rassurée par l’exercice de relations publiques qui nous a été servi ce matin. Aucun plan d’action concret n’a été présenté pour réduire rapidement les émissions d’arsenic dans l’air de Rouyn-Noranda. Pire, le docteur Boileau a refusé de prendre position clairement pour que la Fonderie soit soumise à la norme de 3 nanogrammes appliquée partout ailleurs au Québec, alors que c’est précisément son mandat de faire des recommandations pour protéger la santé des gens! C’est déplorable. »

Le comité citoyen ARET (Arrêt des Rejets et Émissions Toxiques) de Rouyn-Noranda abonde dans le même sens. Il souligne par ailleurs que l’étude porte seulement sur les cas de cancers, alors que d’autres problèmes de santé peuvent être observés lorsqu’une trop forte exposition aux métaux lourds perdure. Nicole Desgagnés, responsable des relations avec les médias, explique :

« L’impact sur la santé varie avec la concentration et la durée de l’exposition aux contaminants et c’est cumulatif : les personnes qui ont été surexposées et les enfants à naitre ont le droit à un environnement sain. L’avis de l’INSPQ est intéressant, mais il ne doit pas être utilisé pour faire accepter l’inacceptable à la population. »

Le comité ajoute qu’il est persuadé que la Fonderie Horne a les moyens financiers et le personnel qualifié pour respecter la norme québécoise de 3 ng/m cube d’arsenic dans l’air.

Rappelons que la Fonderie Horne émet d’autres métaux lourds que l’arsenic et le cadmium, tel que le nickel. Malheureusement, les données sont insuffisantes pour être analysées par l’INSPQ. Il n’est pas non plus possible présentement de calculer la combinaison de différents métaux lourds, qui pourrait multiplier le nombre de cas supplémentaires de cancers avancés dans l’étude.